LOUIS XV
Passions d’un roi

Article publié dans la Lettre n°562 du 25 janvier 2023



 
Pour voir le parcours en images de l'exposition, cliquez ici.

LOUIS XV. Passion d’un roi. Né en 1710 à Versailles, roi à cinq ans après la mort de Louis XIV, son arrière-grand-père, sacré à Reims à l’âge de douze ans, mort en 1774 à Versailles après un long règne de cinquante ans, Louis XV est un souverain auquel, manifestement, on ne s’intéresse pas suffisamment. La présente exposition, à l’occasion du tricentenaire du retour de la Cour à Versailles, permet de saisir la complexité de l’homme derrière le monarque. Pour cela elle nous présente quelque 400 œuvres, provenant de collections du monde entier, illustrant un cheminement en trois grandes parties : «L’homme privé», «Les passions du roi» et «Louis XV et les arts de son temps».
Assez curieusement, le parcours s’ouvre sur l’extraordinaire pendule astronomique de Passemant dont on peut voir ici le mécanisme. Celle-ci nécessita 35 années de travail tant pour le calcul des tables, jusqu’en 9999, que pour sa réalisation proprement dite.
La section « L’enfant roi » évoque son enfance sous la supervision de Madame de Maintenon qui interdit qu’on le réprimande, pour ne pas habituer le futur roi à obéir, et la protection de « Maman Ventadour » qui interdit aux médecins de lui faire une saignée lorsqu’il fut malade, cette pratique ayant vraisemblablement causé la mort de son frère aîné. Parmi les objets présentés ici on remarque un livre écrit et imprimé par le roi sur les Cours des principaux fleuves et rivières de l'Europe et des versions écrites de sa main avec son précepteur, le cardinal de Fleury.
Quelques notes évoquent son mariage, d’abord envisagé avec l’infante d’Espagne, alors âgée de quatre ans, puis, en 1725, avec Marie Leszczyńska, de sept ans son aînée, jugée plus apte à avoir des enfants. Effectivement ils en eurent dix, dont huit filles, élevées dans l’abbaye de Fontevrault, pour celles qui survécurent, sans revoir leur parents jusqu’à l’âge de dix ans. On voit les portraits de la plupart d’entre eux dans la section consacrée à la famille.
On disait que Louis XV était timide et préférait la compagnie des personnes qu’il connaissait bien. Ce serait ce qui explique cette pratique des « soupers des cabinets » organisés dans les salles à manger de ses cabinets privés avec quelques courtisans. Dans cette section, outre des menus avec un ensemble de plats inimaginable aujourd’hui, on admire le Service de Berkeley, un très rare service d’orfèvrerie parisienne du XVIIIe siècle, et quelques pièces de deux services de porcelaine, l’un de la manufacture de Sèvres, l’autre de celle de Vincennes.
Une vitrine évoque « Louis XV et la religion ». Le roi était très féru des textes et principes religieux, à tel point qu’il refusa de communier et de pratiquer le rituel thaumaturgique du toucher des scrofuleux, puisqu’il se considérait comme impie, compte tenu de ses nombreuses « petites maîtresses » et favorites.
Justement les sections suivantes évoquent celles-ci avec le fameux «Parc aux Cerfs», où logeaient les premières, et trois chefs-d’œuvre de la sculpture sur le thème de l’Amour, ayant appartenu aux collections de Madame de Pompadour et de Madame Du Barry, ses favorites.
Cette première partie se termine par une évocation succincte de l’attentat de Damiens, un serviteur de la Cour, qui transperça le flanc du roi sur 1 cm de profondeur. Malgré la demande de clémence du roi, Damiens fut condamné à mort et écartelé en public sur la place de Grève.
La deuxième partie, « Les passions du roi », est la plus intéressante. En effet elle nous montre un homme épris de sciences, de botanique, de géographie, de lecture mais aussi de chasse et d’architecture. Louis XV fait de Trianon un jardin d’expérimentation botanique avec 4000 espèces de plantes venues de tous les continents. Il achète des instruments scientifiques à la pointe de la technologie comme des télescopes, des microscopes et aussi deux magnifiques globes, l’un terrestre, l’autre céleste, œuvres ici-aussi de l’ingénieur Claude-Siméon Passemant.
Pour illustrer la passion du roi pour la chasse, les commissaires ont rassemblé de nombreux tableaux sur ce thème, dont tous ceux qui ornaient la Petite galerie dite des chasses exotiques de Versailles, aujourd’hui conservés à Amiens, au musée de Picardie.
Enfin cette partie se termine par l’évocation des constructions et rénovations de divers édifices sous son règne car Louis XV « aimait beaucoup les plans et le bâtiment ». On voit des réductions de diverses statues royales pour Bordeaux ou Nancy, une gigantesque main, seul vestige de sa statue équestre sur la place Louis XV à Paris, et de nombreux plans.
La troisième partie ne comporte que deux sections. La première «Spectaculaire rocaille» présente quelques-unes des plus belles réalisations faites dans ce style très libre qui caractérise son époque. On est ébloui par des garnitures de vases, des pendules, des candélabres, un lustre, etc. tous objets d’une qualité et d’une rareté exceptionnelles.
Louis XV n’aurait pas été très intéressé par les arts « majeurs » comme la peinture et la sculpture. Ce serait la raison pour laquelle nous ne voyons pas, dans cette exposition, de grandes peintures à part des portraits dont, dans la dernière section, «Louis XV et les arts», ceux de ses favorites. En revanche on peut admirer dans celle-ci de splendides commodes, tables, vases et fontaines à parfum, dans le style si caractéristique de son règne.
Une exposition intéressante, avec des panneaux didactiques et des cartels instructifs et une belle scénographie. R.P. Château de Versailles 78. Jusqu’au 19 février 2023. Lien : www.chateauversailles.fr.


Pour vous abonner gratuitement à la Newsletter cliquez ici

Index des expositions

Accès à la page d'accueil de Spectacles Sélection