JARDINS

Article publié dans la Lettre n° 429
du 29 mai 2017


 
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JARDINS. Une exposition sur les jardins se conçoit plus aisément lorsqu’il s’agit d’une exposition en plein air, comme celle du Festival International des Jardins de Chaumont-sur-Loire, que lorsqu’il s’agit d’une exposition dans les galeries du Grand Palais. Pourtant c’est le parti pris des commissaires de montrer qu’il y a toujours eu un lien entre ces monuments vivants, que l’on ne peut pas sortir de leur site, que sont les jardins et leur représentation par des artistes, et cela depuis l’Antiquité. L’exposition s’ouvre ainsi sur une fresque d’une villa de Pompéi, la maison du Bracelet d’Or, représentant une peinture de jardin (30-35 après J.-C.) à côté de laquelle est accroché un tableau de Giuseppe Penone, Vert du bois avec chemise (1984), un frottage de feuilles et couleur végétale sur toile. Le ton est donné et nous aurons, au fil des salles, un mélange d’œuvres d’art et d’objets appartenant à toutes les époques depuis la Renaissance, car c’est à partir de celle-ci que l’on s’est intéressé d’une manière plus scientifique aux plantes et à la création des jardins.
Le parcours se déroule dans une scénographie originale de Laurence Fontaine, qui se serait inspirée du film de Peter Greenaway, Meurtre dans un jardin anglais ! Les quinze salles ne portent pas de numéros mais des noms, allant de « Seuil » à « Perspectives » en passant, par « Humus », « Botanique », « Arboretum », « Mixed Border », « Jardiniers », « Un petit jardin », « Allée », « Bosquets », « Tillmans », « Belvédère », « Promenade », « Passages » et « Jardiniste ». En dépit de ces noms, l’ordre n’est pas vraiment thématique et l’on trouve un peu partout des tableaux et des pièces de toutes sortes.
Notre regard est accroché au fil des salles par certaines œuvres ou objets, en fonction de nos connaissances ou de notre intérêt. Par exemple, avec « Humus » nous avons une œuvre du japonais Koîchi Kurita, Bibliothèque de terres, Loire (2017), rassemblant 400 échantillons de terre prélevés le long de la Loire de sa source à son estuaire, témoins de l’extraordinaire diversité des sols. Plus loin, parmi plusieurs herbiers, nous sommes touchés par celui de Jean-Jacques Rousseau, dont on connaît bien l’attachement à la nature. Avec « Arboretum », on découvre l’extraordinaire travail de Carl Schieldbach qui a fabriqué à la fin du XVIIIe siècle, 530 boîtes, chacune dans l’essence de l’arbre concerné, contenant des fragments de branches, des fleurs, des feuilles et des fruits de cet arbre. Avec « Mixed Border », nous admirons deux gouaches d’Albrecht Dürer, dont La Petite Touffe d’herbes qui, à elle seule, évoque un petit jardin. À côté de ces deux tableaux et des nombreuses représentations de plantes, nous avons des bijoux et autres objets représentant des fleurs ou des fruits, réalisés avec toutes sortes de matériaux tels que pierres précieuses, cire, céramique, perles, bois etc., permettant de contempler en permanence ces magnifiques et éphémères créations de la nature.
La section « Jardiniers » nous montre les multiples outils, parfois complexes et très élaborés, utilisés depuis plusieurs siècles par ces artistes que sont les jardiniers, et divers traités sur l’art du paysage, la taille des arbres, etc. Dans « Un Petit Jardin », nous voyons un grand tableau de Matisse, Acanthes (1953), réalisé avec des papiers découpés peints à la gouache, agencés sur une feuille comme dans un jardin. Matisse travailla exclusivement de cette façon durant les dernières années de sa vie. « Allée » nous présente de nombreuses photographies de jardins contemporains et surtout des plans de grands jardins spectaculaires des siècles passés. La section « Bosquets », qui lui fait suite, est constituée de petites cellules où sont exposés d’autres plans, des sculptures, des tableaux, au milieu de projections d’extraits de films montrant des jardins comme L’Arroseur arrosé (1895) ou Edward aux mains d’argent (1990). Dans l’une de ces cellules, Jean-Michel Othoniel a installé Grotta Azzurra (2017), une réalisation en verre soufflé avec une fontaine, du plus bel effet. Parmi les tableaux, nous avons la fameuse Fête à Saint-Cloud de Fragonard (vers 1775-1780), L’Assemblée dans un parc de Watteau (1716), Le Déjeuner de Monet (vers 1873) et Nu dans un jardin de Picasso (1934). Ce sont les rares tableaux de l’exposition ou des personnages sont présents.
Après une installation de l’artiste Wolfgang Tillmans, nous arrivons dans une salle où sont exposées des vues plongeantes sur de grands domaines comme le Château impérial de Hof de Bellotto (1758-1761), le Domaine de Chanteloup de Houël (1769), le Château de Mariemont de Jan Brueghel le Jeune (1612), le Parc de Saint-Cloud d’Etienne Allegrain (1675-1677), le Château de Fontainebleau de Pierre-Denis Martin (1718-1723), etc. et un extraordinaire plan-relief du Château de Bellevue de Pierre Nicolas le Roy (XVIIIe siècle).
Les dernières salles « Promenade », « Passage », « Jardiniste » et « Perspectives » font la part belle aux peintres des XIXe et XXe siècles comme Berthe Morisot, Caillebotte, Monet, Vuillard, Klimt, Bonnard, Dubuffet, et d’autres peintres moins connus, et aux photographes.
Une exposition originale qui plaira aussi bien aux amateurs de jardins qu’aux amateurs d’arts plus traditionnels. R.P. Grand Palais 8e. Jusqu’au 24 juillet 2017. Lien : www.rmn.fr.


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