FRANZ MARC / AUGUST MACKE
L'aventure du Cavalier bleu

Article publié dans la Lettre n° 475
du 20 mars 2019


 
Pour voir le parcours en images de l'exposition, cliquez ici.

FRANZ MARC / AUGUST MACKE. L’aventure du Cavalier bleu. C’est la première exposition monographique consacrée à Paris à ces deux peintres allemands, morts tous deux sur le front de France. La rencontre entre Franz Marc (1880-1916) et August Macke (1887-1914), alors âgé de vingt-trois ans, de sept ans son cadet, a lieu à Munich en 1910.
Marc se détourne d’une vocation de pasteur et de philosophe et fréquente l’Académie des Beaux-Arts de Munich, alors centre européen du symbolisme et de l’ésotérisme. Il se rend à Paris à plusieurs reprises, en 1903 et en 1907, et y admire les tableaux de Gauguin et Van Gogh. C’est dans l’animal plutôt que dans l’homme qu’il trouve son principal motif pictural, lui permettant d’exprimer son sentiment profond, lyrique, pour la nature. Après avoir découvert en 1912 à Paris, en compagnie de Macke, dans l’atelier de Delaunay, la série des Fenêtres, il opère une synthèse stylistique (Les loups (guerre balkanique), 1913), empruntant successivement à l’orphisme de Robert et Sonia Delaunay et au futurisme des peintres italiens tels que Gino Severini, Giacomo Balla ou Umberto Boccioni, dont on voit une œuvre ici. Dans les mois qui précèdent la guerre, il s’oriente vers une simplification formelle qui le fait basculer dans l’abstraction (Paysage avec maison et deux vaches, 1914).
Macke, natif de Bonn, se forme à l’École d’arts appliqués de Düsseldorf, orientant sa peinture vers une certaine stylisation, marqué par l’art nouveau et le japonisme. Il se rend à Paris en 1907 et est fasciné par Cézanne. Il donne la primauté à la couleur selon une approche raisonnée, formaliste et naturaliste. Lors de sa visite avec Marc de l’atelier de Delaunay, il est plus sensible que celui-ci aux qualités optiques et à la sensualité de l’orphisme des Delaunay. En avril 1914 Macke, qui réside en Suisse depuis la fin de l’année 1913, fait un voyage en Tunisie avec ses amis Louis Moilliet et Paul Klee, multipliant aquarelles et photographies. Cette expérience est pour lui décisive. La découverte de la lumière de l’Afrique allège sa palette et libère les couleurs (Kairouan III, 1914).
Marc et Macke entretiennent une abondante correspondance, publiée en 1964 par le fils de Macke, dans laquelle ils se fécondent mutuellement et infléchissent leur manière de peindre. Ils visitent les expositions consacrées à Matisse à Munich et aux peintres fauves (Matisse et Van Dongen) à Berlin.
En 1911, Marc rencontre Vassily Kandinsky qui occupe une place prééminente sur la scène artistique allemande en tant que fondateur de la Nouvelle Association des artistes munichois (NKVM). Tous deux projettent de publier un almanach, l’Almanach du Blaue Reiter, destiné à fédérer une avant-garde. Ce sera chose faite en mai 1912. Les deux fondateurs ont trouvé ce nom de Cavalier bleu en prenant le café. Tous deux aimaient le bleu, qui renvoie à la sphère céleste, Marc les chevaux et Kandinsky les cavaliers, références à saint Georges terrassant le dragon ! Ils organisent des expositions regroupant des œuvres de divers artistes, eux deux bien sûr, mais aussi Macke, qui rédigera un essai sur les Masques pour l’Almanach, Robert Delaunay, le Douanier Rousseau, Arnold Schönberg, etc. Peu après, dans une seconde exposition, ils montrent des œuvres d’artistes du groupe Die Brücke, ainsi que de Picasso, Braque, Vlaminck, Gontcharova, Larionov, Malevitch …
Le 3 août 1914 l’Allemagne déclare la guerre à la France. Marc et Macque sont mobilisés et envoyés au front français. Macque meurt le 26 septembre 1914 en Champagne. Marc est tué près de Verdun le 4 mars 1916.
Riche de près de quatre-vingt-dix pièces, le parcours de l’exposition suit un ordre chronologique en cinq étapes, plus un focus sur le Cavalier bleu, confrontant les œuvres de Marc et Macke entre elles d’une part, et avec quelques tableaux, gravures et dessins de divers artistes, d’autre part. Une exposition très réussie, avec une scénographie aérée et des panneaux didactiques et des cartels développés très intéressants. R.P. Musée de l’Orangerie 1er. Jusqu’au 17 juin 2019. Lien : www.musee-orangerie.fr.


Pour vous abonner gratuitement à la Newsletter cliquez ici

Index des expositions

Nota: pour revenir à « Spectacles Sélection » utiliser la flèche « retour » de votre navigateur