ÊTRE MODERNE : LE MoMA À PARIS

Article publié dans la Lettre n° 448
du 14 février 2018


 
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ÊTRE MODERNE : LE MoMA À PARIS. À travers quelque 200 œuvres du célèbre musée new yorkais, la Fondation Louis Vuitton pose la question de savoir comment « être moderne » pour une grande institution comme le Museum of Modern Art.
Le parcours de l’exposition se déploie dans la totalité des salles, permettant un accrochage très aéré et une visite confortable. Il commence par une première salle où l’on trouve côte à côte une toile de Paul Cézanne (Le Baigneur, vers 1885), une sculpture de Constantin Brancusi (Oiseau dans l’espace, 1928), des photographies de Walker Evans prises durant la Grande Dépression dans les années 1930, et des objets industriels en inox (Soupape de vidange, roulement à billes, hélice de hors-bord). En effet, dès sa création en 1929 par trois femmes, Lillie P. Bliss, Abby Aldrich Rockefeller et Mary Quinn Sullivan, le MoMA se veut un musée pluridisciplinaire s’intéressant à toutes les formes d’art, y compris l’architecture, la photographie et le design. A cette époque se pose aussi la question de savoir à quelle date commencer. Le Metropolitan Museum, fondé en 1870, ayant déjà beaucoup d’œuvres du XIXe siècle, le MoMA décide de créer sa collection à partir de 1880, sauf pour la photographie, un art jeune, qui est prise en compte dès ses débuts, dans les années 1820-1830. Son premier directeur, Alfred H. Barr Jr, imaginait le fonctionnement du musée comme une torpille évoluant dans le temps à la recherche des nouveaux artistes, ne conservant ses œuvres que durant cinquante ans. En effet, le MoMA, comme d’autres institutions américaines, ne s’interdit pas les ventes ou les échanges. Un exemple fameux est l’acquisition des Demoiselles d’Avignon grâce à la vente d’une peinture de Degas. Néanmoins, en 1947, la décision fut prise de ne pas se dessaisir des œuvres au-delà de cinquante ans.
Le parcours continue d’une manière chronologique avec, dans la deuxième salle, un ensemble de toiles de peintres européens tels que Picasso, Matisse, Signac, Magritte, de Chirico, Picabia, Dali, Beckmann, Kirchner, Klimt, Mondrian, auxquels s’ajoutent Marcel Duchamp avec sa Roue de bicyclette, Frida Kahlo avec son Autoportrait aux cheveux coupés ainsi que deux films et des photographies. Pour les films, on note la très grande diversité de choix du MoMA puisque nous avons, d’une part, le Cuirassé Potemkine de Serguei M. Eisenstein et, d’autre part, le premier film d’animation sonore de Walt Disney, Steamboat Willie, dans lequel apparaît le futur personnage de Mickey. Pour la photographie, à côté d’un rayogramme de Man Ray et de photographies de Lisette Model et Alfred Stieglitz, nous avons une série de clichés du français Eugène Atget, dont la totalité de l’atelier (8500 pièces) fut rachetée par une photographe américaine qui, plus tard, en fit don au musée. On voit également dans cette salle des affiches soviétiques et catalanes montrant, là aussi, la grande diversité du musée dans ses acquisitions.
À partir de cette époque, le MoMA se penche davantage vers les artistes américains. La troisième salle est justement consacrée aux Expressionnistes abstraits américains tels que Pollock, Rothko, Newman et de Kooning dont on voit quelques-uns de leurs chefs d’œuvre. On passe ensuite devant un mural de Sol LeWitt, Wall Drawing #260, pour faire connaissance avec les séries et les structures minimales d’artistes tels que Carl Andre, Frank Stella, Ellsworth Kelly, etc. pour entrer dans la salle consacrée au Pop Art, entré tardivement au MoMA. Pour la première fois en France, on peut voir la série complète des 32 Boîtes de soupe Campbell d’Andy Warhol à côté du Double Elvis et de quelques Screen Tests du même artiste, des toiles de Roy Lichtenstein et Jasper Johns, la légendaire Fender Stratocaster Electric Guitar et des photographies, y compris prises par des anonymes !
L’accès au premier niveau se fait en passant devant le fameux papier peint de General Idea, Aids qui ouvre sur une salle consacrée à « L’art en action » où sont représentés des artistes qui jouent avec des matériaux pauvres ou insolites, comme celui du Costume en feutre de Joseph Beuys ou celui de l’installation de Felix Gonzalez-Torres, Sans titre (USA Today), constituée de milliers de bonbons. Vient ensuite « Images et identités : USA 1975-2000 », qui fait écho aux prises de position des artistes après la guerre du Vietnam et pendant les « guerres culturelles » qui caractérisent ces décennies. Parmi les artistes représentés ici, nous pouvons citer Jeff Wall, Philip Guston, George Brecht ou encore Lynn Hershman Leeson, qui s’invente un alter ego de fiction, Roberta Breitmore.
Au dernier étage, nous avons des œuvres issues des nouvelles technologies, numériques en particulier, et d’autres réalisées par des artistes provenant « d’autres horizons » tels les noirs-américains. Chacune des trois dernières salles est dédiée à un artiste contemporain. Avec Measuring the Universe, Roman Ondak recueille la taille des visiteurs, inscrite avec leur prénom par un performeur sur le mur du musée. La vidéo de Ian Cheng raconte une histoire générée par un algorithme. Enfin l’installation de Janet Cardiff nous permet d’écouter séparément ou en totalité, selon l’endroit où l’on se place, chacune des voix du Motet à quarante voix de Thomas Tallis (XVIe siècle). Une belle exposition, bien présentée, avec des explications lisibles et très complètes sur les objets exposés. R.P. Fondation Louis Vuitton 16e. Jusqu’au 5 mars 2018. Lien : www.fondationlouisvuitton.fr.


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