ÉBLOUISSANTE VENISE
Venise, les arts et l’Europe au XVIIIe siècle

Article publié dans la Lettre n° 466
du 14 novembre 2018


 
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ÉBLOUISSANTE VENISE. Venise, les arts et l’Europe au XVIIIe siècle. Les expositions rendant hommage à Venise et à ses artistes sont nombreuses. Celle-ci est très différente car elle s’intéresse non seulement à toutes les formes d’art, en particulier la peinture, les arts décoratifs et la musique, mais aussi à la vie dans cette cité état qui fascine les voyageurs du Grand Tour au XVIIIe siècle.
À cette époque, Venise compte 150 000 habitants, soit trois fois plus qu’aujourd’hui, plus 20 000 visiteurs de passage de toutes sortes (marins, voyageurs de commerce, touristes …). On ne se déplace que par voie d’eau. Les ruelles actuelles ont été créées plus tard en comblant les petits canaux. Par son implantation sur la mer, son gouvernement républicain, ses constructions luxueuses, son art de vivre, ses divertissements, cette ville est unique en Europe.
On le ressent bien dans la première salle où Catherine Loisel, la commissaire de cette exposition, nous présente le Portrait du Doge Paolo Renier, personnage élu à vie mais dépourvu d’autorité et celui d’un haut dignitaire, le Procurateur et capitaine général de la mer Daniele IV Dolfin, peint par Giambattista Tiepolo. À côté de ces portraits, nous avons une multitude de tableaux représentant, comme autant de cartes postales géantes, des vues de Venise. Cet art du paysage urbain, la veduta, est nouveau. Les touristes fortunés s’arrachent les vedute de Canaletto et de Guardi, les peintres les plus célèbres de ce genre.
Une petite salle est consacrée à la musique et à l’art des marionnettes. Il est difficile de présenter la musique dans une exposition, même avec des morceaux en fond sonore, mais cela nous rappelle que Venise joue alors un rôle important dans ce domaine avec des compositeurs tels que Vivaldi, la présence de six théâtres d’opéras et des écoles de musique réputées dans toute l’Europe, les Ospedali, où l’on enseigne le chant et la musique instrumentale à des jeunes filles orphelines.
Avec « Les arts décoratifs et l’art de vivre à Venise », on se rend compte de la virtuosité des artistes et du raffinement des riches vénitiens pour décorer leurs palais. La salle suivante, « Les arts à Venise », complète ce panorama avec des toiles aux sujets variés (mythologie, histoire, religion, scènes pastorales, portraits, caricatures, etc.), des sculptures et des maquettes d’édifices, pour évoquer l’architecture somptueuse des palais construits à cette époque le long du Grand Canal.
La renommée de Venise sur le plan artistique est telle que nombre de souverains étrangers font appel à ses artistes. S’il n’est pas possible de montrer, lorsqu’elles existent encore, les peintures qu’ils réalisent pour décorer des résidences comme à Wurtzbourg, où Giambattista Tiepolo œuvre pendant quatre ans avec ses deux fils, on peut voir un grand nombre de toiles, pastels, dessins, sculptures, réalisés par ces artistes en Angleterre, en France, dans les pays germaniques et en Espagne.
Après ce tour d’horizon de « La diaspora des artistes vénitiens en Europe », l’exposition se termine sur « Le mythe de Venise ». La ville est à cette époque un lieu de fêtes nombreuses et souvent spectaculaires. Il y a le voyage du Doge à bord du Bucentaure pour aller célébrer les épousailles rituelles de la Sérénissime avec la mer. Il y a le carnaval où, grâce aux masques, tout un chacun peut se mêler à la foule sans risquer d’être reconnu. Il y a des régates sur le Grand Canal. Il y a aussi des fêtes avec des attractions spectaculaires, comme ces pyramides humaines, ou nouvelles, comme ce Mondo Novo que Goldoni, qui écrit des pièces pour des théâtres de Venise, décrit comme « une ingénieuse petite machine qui étale devant vos yeux des merveilles, par la magie de miroirs optiques, et vous fait prendre des vessies pour des lanternes » ! Il y a bien sûr aussi la musique, les casinos et les courtisanes. Bref, il semble que l’on se divertisse beaucoup à Venise. C’est ce qu’évoque l’exposition avec des tableaux, des maquettes, des costumes et même des animaux naturalisés. Mais tout cela affaiblit l’État et, en 1797, la cité des Doges capitule face aux troupes de Bonaparte et se voit rattachée à l’Autriche.
Une exposition originale et intéressante, avec une belle scénographie de Macha Makeïeff et Clémence Bezat. R.P. Grand Palais 8e. Jusqu’au 21 janvier 2019. Lien : www.rmn.fr.


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