DANS LA SEINE. Objets  trouvés de la Préhistoire à nos jours. Dans l’antiquité les cours d’eau  étaient sacrés. Le mystère de leurs sources leur procurait un culte dédié aux  divinités qui les représentaient, telle la déesse Sequana pour la Seine. Ils  étaient appréciés pour le transport de marchandises et la pêche mais aussi  redoutés pour leurs crues. C’est pourquoi on trouve dans un fleuve tel que la  Seine toutes sortes d’objets tombés,  jetés, perdus, ou déplacés par les courants. Tous témoignent de l’histoire de  ce fleuve, de son évolution, de ses aménagements et de ses paysages, mais aussi  de ses populations successives, leurs modes de vie, leurs croyances ou leurs  combats. La présente exposition nous présente de façon chronologique et  thématique quelque 150 de ces découvertes et nous explique comment les  interpréter scientifiquement.
                Le parcours se  déploie sur le pourtour des ruines archéologiques de l’ancienne Lutèce, dans la  crypte aménagée lors de la construction d’un parking sous le parvis de Notre-Dame  de Paris. Il commence par la Préhistoire. En effet on a trouvé, dès le XIXe  siècle, de nombreux silex taillés dans les sablières situées en aval de Paris,  en particulier à Clichy-la-Garenne. Ceux-ci attestent la présence de  Néandertaliens durant le paléolithique. Outre divers types de silex, nous avons  des défenses de mammouths laineux, et toutes sortes de panneaux didactiques (retranscrits  dans le parcours en images accompagnant cet article), ainsi que des dessins  illustrant ces panneaux.
                La deuxième  partie est sans doute la plus en rapport avec le lieu de l’exposition puisqu’elle  couvre l’Antiquité. Au Ier siècle de notre ère, la Seine est une succession d’îles,  de bancs de sable et de marécages. Les Romains choisissent l’île de la Cité  comme point de franchissement de la Seine et aménagent un port dont il reste un  tronçon de quai visible ici. De cette époque, nous avons de nombreuses poteries,  dont certaines ont été importées, des objets en métal (casseroles,  jattes et situles), des bijoux, des statuettes et aussi des ex-voto en pierre  ou en métal. En effet, il était d’usage d’honorer la déesse pour lui demander  de guérir certaines parties du corps ou pour la remercier. On trouve ainsi des  objets représentant des membres, des têtes, des sexes masculins ou féminins,  des yeux, etc. Les archéologues en ont recueilli plus de 1500 sur le lieu dédié  à Sequana. Cette deuxième partie se termine par l’évocation d’une pêcherie  installée à 120 km en amont de Lutèce, à Pont-sur-Seine, dans l’Aube. Outre les  panneaux et dessins décrivant ce lieu, nous avons une nasse en vannerie retrouvée  dans un état de conservation exceptionnel.
                La troisième partie, «la Seine Médiévale» nous présente une  multitude de petits objets trouvés dans le fleuve au cours des opérations de  curage ou de dragage à partir du XIXe siècle. En effet, jusqu’à cette époque,  la Seine n’était navigable que quatre à six mois par an. Parmi ces objets, on remarque  un grand nombre d’enseignes (insignes) de pèlerinage, petites médailles  attestant de la venue sur des lieux saints que l’on pouvait également jeter  dans le fleuve pour accompagner la formulation d’un vœu. Certaines de ces  enseignes étaient en plomb. On a retrouvé des milliers de ces plombs, parmi  lesquels on a aussi des méreaux, à savoir des jetons pouvant servir, par  exemple, de laissez-passer pour des péages ou de monnaie d’échange au sein de  confréries religieuses. Leurs motifs étaient très variés. En dehors de ces  petits objets de toutes sortes nous avons les restes d’un pieu en chêne du  XIIIe siècle qui servait de pilotis pour une maison ou un pont.
                Dans cette section sont exposée également une multitude d’armes  datant de l’âge du bronze jusqu’à la Seconde guerre mondiale. Les plus  anciennes sont des haches et des épées auxquelles s’ajoutent, à l’époque  mérovingienne, des lances et des scramasaxes, des coutelas à un seul tranchant.  Ces armes ont pu être enfouies dans la Seine d’une manière intentionnelle, en  offrande à l’eau. En revanche les armes plus récentes, tels des casques, des  pistolets et même des obus, ont certainement été perdues ou jetées  intentionnellement pour s’en débarrasser. 
                La dernière section est consacrée à «la Seine aujourd’hui» où est mis en avant le travail de la brigade  fluviale, qui supervise la sécurisation des biens et des personnes et effectue  des opérations de plongée lui permettant de ramener d’autres trouvailles, tel  un mascaron ou un candélabre du pont Alexandre III.
                Des œuvres contemporaines ornent le parcours. Nous avons  tout d’abord une sculpture de Yan Tomaszewski inspirée des ex-voto anatomiques  offerts par les Celtes à la déesse Sequana. En fin de parcours se dressent deux  carottages, une recomposition d'éléments issus de forages, œuvre de Joana  Hadjithomas et Khalil Joreige, permettant de reconstituer l’histoire enfouie de  la ville.
                Après cela on peut s’intéresser au parcours permanent où l’on  voit les vestiges de la première fortification de Lutèce, un autre du premier  Hôtel-Dieu, un mur de quai du premier port de Lutèce, une cave médiévale, un  mur de l’hospice des Enfants-Trouvés et les thermes antiques.
                Une exposition originale, riche en documents, objets et informations  de toutes sortes. Signalons aussi la présence de panneaux très intéressants destinés  au jeune public. R.P. Crypte  archéologique de l’île de la Cité 4e. Jusqu’au 31 janvier  2025.    Lien : www.crypte.paris.fr.