DALIDA
Une garde-robe de la ville à la scène

Article publié dans la Lettre n° 428
du 22 mai 2017


 
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DALIDA. Une garde-robe de la ville à la scène. Bruno Gigliotti, plus connu sous le nom d'Orlando, frère cadet et producteur de Dalida, vient de faire don au Palais Galliera, musée de la Mode de la Ville de Paris, d’un ensemble riche de 209 tenues et accessoires ayant appartenu à sa soeur. Soigneusement préservée jusqu’à ce jour, cette collection rejoindra les ensembles de vêtements tels que celui de la comtesse Greffulhe que nous avions vu ici même l’année dernière (Lettre 391). C’est dans une scénographie éblouissante, à l’image de la diva, réalisée par le metteur en scène d’opéra Robert Carsen, que nous pouvons admirer cette garde-robe à laquelle Dalida était très attachée.
Dès l’entrée, « 1956-1965 - La silhouette de la jeune fille », nous sommes fascinés par une robe bustier de velours couleur rideau de scène créée par Jean Dessès pour son premier récital en tête d’affiche à Bobino, en 1958. Elle a alors vingt-cinq ans et cette ancienne Miss Égypte apparaît sur la scène, en femme fatale, selon les standards hollywoodiens. Cette robe, comme toutes les autres que nous verrons, « met en valeur son buste généreux, sa taille de guêpe et ses hanches voluptueuses ».
A côté de cette robe qu’elle remettra en 1981 pour la première de son spectacle à l’Olympia, comme un défi lancé au passage du temps, nous voyons une vingtaine d’autres vêtements griffés Nina Ricci, Jacques Heim, Daphné, Carven, Pierre Balmain, Pierre Cardin ou A. Allard, dont on voit une tenue de ski très chic mais sûrement incommode pour la pratique de ce sport ! A côté de ces griffes prestigieuses, nous avons des robes anonymes révélant le goût très sûr de Dalida pour s’habiller comme n’importe quelle parisienne.
Dans la première galerie « 1966-1978 - La silhouette de la vedette », nous voyons un ensemble de robes et autres vêtements dans une présentation très élaborée. A chaque extrémité des robes longues couleur foncée ou noire signées Loris Azzaro, Mia-Vicky, Saint-Laurent Rive gauche ou encore Pierre Balmain. A droite, sept robes longues couleur ivoire dont se détache la fameuse robe de Pierre Balmain en « ziberline » de soie ivoire, garnie de passementerie, de perles et de strass. Dalida porta cette robe à maintes reprises de 1973 à 1978, lors d’une réception chez le roi Hussein de Jordanie. Toujours de Pierre Balmain, on admire une robe fourreau en dentelle rebrodée de passementeries, de perles et de paillettes. Une pure merveille !
En face de ces robes, sur un décor utilisant des pochettes de ses centaines de disques, nous avons une douzaine de vêtements d’un tout autre genre, tel un caftan de Damaskino, une robe de Carolyne, un gilet et jeans de Marshall-Rousso et un gilet et pantalon très sexy de Peau d’âne.
En pénétrant dans la deuxième galerie « 1978-1987 - Une silhouette pour le show », nous n’en croyons pas nos yeux. Les murs ont été recouverts de longs rubans dorés et des dizaines de robes tourbillonnent sur des plateaux tournants avec, sur des écrans, Dalida chantant quelques-unes de ses chansons les plus populaires comme Laissez-moi danser, Salma ya salama et surtout Comme disait Mistinguett. Pour celle-ci, elle se pare d’une somptueuse tenue de meneuse de revue en crin plissé, ornée de franges et brodée de paillettes, de strass et de plumes d’autruche, qui enveloppe et dévoile tour à tour son corps, habillé d’un body qui ne laisse rien ignorer de sa superbe plastique. Ce chef-d’œuvre a été dessiné par Michel Fresnay et réalisé par Mine Barral Vergez. Ceux-ci sont les créateurs de la plupart des autres tenues de scène que l’on voit ici. Elles sont présentées par couleur, des rouges, des noires ou argentées, certaines en cuir et surtout des dorées même si nous ne pouvons pas réduire à une seule teinte ces ensembles riches en dégradés de couleurs. Au milieu de ces tenues de scène on note la présence d’un léotard et surtout d’un maillot de bain deux-pièces, très osé, façon Tarzan, d’un créateur anonyme.
Dans les petites galeries attenantes nous avons, d’un côté, une multitude d’accessoires témoins des goûts très éclectiques de la diva et, de l’autre côté, des ensembles variés tels que veste, ceinture et jupe ou chemisier et jupe, griffés Cacharel, Ubaldo Chirola, Paco Rabanne ou Jitrois, tous très chic à la ville.
Avec « Une garde-robe à l’écran » l’exposition se termine sur les vêtements portés par Dalida dans ses films. Au Caire, déjà, elle rêvait de devenir actrice. Elle eut plusieurs fois l’occasion de concrétiser son rêve, en particulier dans l’excellent film de Youssef Chahine tourné en 1986, un an avant sa mort, Le Sixième jour où elle n’était habillée qu’en lavandière ! Ce costume noir se remarque à peine au milieu des autres, revêtus dans des films beaucoup moins notables, comme la somptueuse robe de toile de coton verte de Parlez-moi d’amour, dessinée par Gabriele Meyer. Nous pouvons voir des extraits de ces films sur un écran géant au-dessus des robes. Une exposition somptueuse et exceptionnelle à voir absolument car il est probable que ces vêtements iront bientôt rejoindre dans des tiroirs le corset de Marie-Antoinette et les robes de Joséphine, pour n’en ressortir qu’en de très rares occasions. R.P. Palais Galliera 16e. Jusqu’au 13 août 2017.  Lien : www.palaisgalliera.paris.fr.


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