CHRÉTIENS D’ORIENT
2000 ans d’histoire

Article publié dans la Lettre n° 442
du 22 novembre 2017


 
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CHRÉTIENS D’ORIENT. 2000 ans d’histoire. Cette exposition nous rappelle, qu’avant d’être musulmans, la plupart des Arabes peuplant les états actuels de l’Égypte, de la Syrie, du Liban, de la Jordanie et de la Palestine étaient chrétiens. Pour ce faire, les commissaires ont réuni un ensemble de pièces, souvent exceptionnelles, réparties en quatre grandes sections. Ils retracent ainsi l’histoire de ces communautés qui, en moins de trois siècles, adoptèrent la foi chrétienne à la place des anciens dieux vénérés par les romains. Le christianisme s’est développé à cette époque dans bien d’autres régions, en Occident, en Asie mineure, en Iran, etc. mais le propos est évidemment limité ici au monde arabe.
Si les chrétiens ont du mal à vivre aujourd’hui dans ces pays, à cause des persécutions qu’ils ont subies (massacre de Syrie de 1860, génocide arménien de 1915, par exemple), ou des conflits et attentats actuels, en particulier en Égypte envers les coptes, ils sont pourtant les premiers occupants de ces contrées et beaucoup s’accrochent à leur pays malgré les vicissitudes, protégeant les lieux chrétiens et les objets légués au cours de 2000 ans d’histoire.
Le parcours de l’exposition est chronologique. Il commence par la « Naissance et le développement du christianisme en Orient » du Ier au VIe siècle. C’est l’époque de l’évangélisation et de l’apparition des premières communautés, de la construction d’églises sur tout ce territoire et des premiers conciles (Nicée, Constantinople, Éphèse, Chalcédoine) où se pose la question de la nature de Jésus-Christ. Est-il divin ou humain ? Les avis divergeant, cela conduit à la constitution de différentes églises, toujours vivantes aujourd’hui. L’empereur Constantin ordonne la construction de basiliques sur les sites qui commémorent la vie de Jésus-Christ. Ceux-ci deviendront des lieux de pèlerinages, tout comme certains monastères où vécurent des figures vénérées comme Saint-Syméon le Stylite. Parmi les objets illustrant cette première partie, on remarque des fresques provenant de Doura-Europos en Syrie (232), l’Évangéliaire de Rabbula (VIe s.), un calice en argent doré provenant du Trésor d’Attarouthi (500-650) ou encore une magnifique maquette du Saint Sépulcre (XVIIe s.).
La deuxième partie est consacrée aux « Églises orientales après la conquête arabe ». À partir du VIIe siècle, les Arabes conquièrent des espaces immenses qu’ils morcellent en une multitude de califats où ils instaurent la religion musulmane comme religion d’État. Les chrétiens peuvent conserver leur religion et leur mode de vie grâce à leur statut de dhimmis (protégés). En dépit de ce statut humiliant, ils jouent un rôle majeur dans l’administration, la vie intellectuelle, sociale et culturelle de ces califats. Les églises chrétiennes d’Orient continuent de se développer. Des interactions naissent entre les civilisations chrétienne et musulmane comme on le voit sur certains objets. Il en est de même avec l’Occident qui découvre ces cultures orientales à l’occasion des croisades, dont les chrétiens d’Orient sont d’ailleurs les premières victimes.
Au XVe siècle, la conquête ottomane fait entrer les chrétiens de Mésopotamie, de Syrie et d’Égypte dans l’Empire ottoman. C’est l’objet de la troisième partie, « Les Églises orientales entre Orient et Occident ». C’est une période favorable aux échanges de toutes sortes entre l’Orient et l’Occident, en grande partie grâce aux Chrétiens. Des imprimeries s’installent en Orient, trouvant des solutions pour restituer la typographie arabe. Des commerçants s’établissent dans les grands ports de la Méditerranée que sont Venise et Marseille. Ils exportent la soie produite au Mont-Liban. La papauté fonde à Rome des collèges pour accueillir les Chrétiens d’Orient. Les pèlerinages en Terre sainte prennent de l’ampleur et les visiteurs ramènent en souvenir des produits de là-bas (savon, boîtes-reliquaire, etc. ». La réalisation d’icônes se renouvelle et prend de l’ampleur grâce à l’influence des sujets occidentaux. De nombreuses icônes sont présentées ici à côté de livres de prières richement illustrés et d’un exceptionnel Évangile arabe (1675).
La dernière partie « Être chrétien dans le monde arabe aujourd’hui » s’intéresse aux XXe et XXIe siècle. C’est une époque de persécution, de traumatisme et de bouleversements politiques dans ces contrées, qui ont entraîné l’exil de nombreux Chrétiens. Les commissaires évoquent cela avec des photographies montrant que ces communautés chrétiennes sont encore actives mais le cœur n’y est pas, à l’image de ces photos de jeunes mariés dans des rues délabrées, au Caire. Une exposition riche en œuvres d’art et très instructive sur des communautés que l’on connaît mal. R.P. Institut du Monde Arabe 5e. Jusqu’au 14 janvier 2018. Lien : www.imarabe.org.


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