CÉSAR

Article publié dans la Lettre n° 449
du 28 février 2018


 
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CÉSAR. C’est la première fois que le Centre Pompidou consacre une rétrospective à l’un des plus grands sculpteurs du XXe siècle, à l’égal de Giacometti ou de Picasso, qu’il admirait. Elle est présentée dans un vaste espace, très ouvert, permettant d’embrasser presque simultanément du regard les quelque 126 pièces exposées. Le parcours, d’une grande clarté, grâce à une scénographie remarquable et à de grands panneaux didactiques, suit d’une manière chronologique l’œuvre de César.
Né à Marseille en 1921, César Baldaccini, après des études à l’École nationale des beaux-arts de Paris, se lance dans la sculpture avec le plâtre et le fer avant de découvrir, en 1949, la soudure à l’arc. Récupérant toutes sortes d’objets en fer, faute de moyens financiers, il les retravaille et les assemble afin d’obtenir des figures réalistes comme l’Esturgeon (1954), la Chauve-souris (1954) et bien d’autres exposées ici. Sur certaines œuvres, comme La Grande Duchesse (1955), il laisse visibles des boulons et des écrous. En parallèle à ces objets figuratifs, il réalise des Plaques d’une grande originalité, dont il travaille la couleur avec des huiles de différentes sortes comme dans Hommage à Nicolas de Staël (1958) qui évoque à merveille certaines toiles de cet artiste. Ces deux premières sections se terminent avec la Victoire de Villetaneuse (1965), de grande taille, du nom de la ville où se trouvait son atelier. Nous en avons une en plâtre et une autre en fer soudé. Dans cette dernière œuvre, César a fait disparaître les traces d’assemblage et de soudure. Enfin, en 1966, il clôt sa série des fers soudés avec La Pacholette.
La section suivante est consacrée aux empreintes humaines. César découvre en 1963, dans l’atelier d’un jeune artiste, un pantographe. Cela lui donne l’idée de faire modeler son pouce et de l’agrandir à 41 cm de hauteur dans une résine orange. Ce premier Pouce (1965), sera suivi d’une multitude d’autres de toutes tailles, jusqu’à 12 mètres de haut (Parvis de la Défense) et dans toutes sortes de matériaux : plastique, nickel, bronze, marbre et aussi or et même sucre ! L’autre empreinte humaine aussi célèbre présentée ici est l’agrandissement du moulage d’un sein d’une danseuse du Crazy Horse, Victoria von Krupp, à défaut d’avoir pu mouler ceux de Brigitte Bardot ou de Jane Fonda. Lui aussi est décliné en différentes tailles et en divers matériaux, à accrocher au mur (Sein, 1967) ou à poser à même le sol (Sein, 1967).
En 1958, César trouve chez un ferrailleur des matériaux compressés. Cela lui donne l’idée de compresser des voitures entières à l’aide d’une presse géante découverte chez un ferrailleur de Gennevilliers. Présentées en 1960, ses trois premières compressions, intitulées 3 tonnes, provoquent scandale et incompréhension auprès du public. Peu à peu César perfectionne sa technique, réalisant des Compressions « dirigées » et utilisant toutes sortes de matériaux métalliques comme des bidons (Compression dirigée B, 1960). Parmi les œuvres exposées ici, on remarque la Renault 977 VL 06 (1989), compressée à plat sans être totalement écrasée, ce qui permet de reconnaître le véhicule, et une série de compressions de voitures, très denses, posées à même le sol, certaines réalisées avec des voitures de luxe neuves (Compression « Zim », 1961).
Toujours à la recherche, comme Picasso, de nouvelles techniques pour ses sculptures, César découvre la mousse de polyuréthane. Il réalise avec ce matériau ses premières expansions, en public, dans de véritables happenings. Puis il met au point une technique permettant de durcir, de traiter et de peindre la surface de l’objet ainsi produit, lui assurant la longévité. Ici on voit de petites expansions sortant d’objets divers – bouilloire, chaussure, casserole, verre – à côté d’autres beaucoup plus grandes, accrochées au mur (Expansion n°1, 1969) ou posées sur le sol (Expansion n°14, 1970).
Vient ensuite une série d’objets peu connus. Il s’agit d’enveloppages. César a enveloppé de banals objets trouvés chez des brocanteurs (vieille machine à écrire, téléphone, moulin à café …) avec du Plexiglas auquel il donne une forme particulière.
A la fin des années 1970, César revient au fer et au plâtre. Il travaille sur des autoportraits dont l’un est repris dans la tête du Centaure, monument en hommage à Picasso. Dans cette section on remarque, entre autres, Fanny Fanny (1990), sorte de grande poule de 2,60 mètres de haut, sur des patins à roulettes, réalisée en bronze soudé.
L’exposition se termine avec des sculptures en fonte obtenues à partir de ses précédentes créations, comme le Sein ou le Pouce, montrant la continuité de César dans son art, des compressions d’objets mous (cartons, sacs de jute, 1976) et la fameuse Suite milanaise (1998), son œuvre ultime (il mourra le 6 décembre 1998). Pour cette dernière, il compresse, en laissant des vides, 15 voitures Fiat neuves qu’il laque et peint avec les couleurs de la gamme Fiat de l’époque. Il réalise également deux compressions plates qui laissent apparaître les formes initiales de la voiture. Une magnifique rétrospective pour ce vingtième anniversaire de la mort de ce grand artiste. Centre Pompidou 4e. Jusqu’au 26 mars 2018. Lien : www.centrepompidou.fr.


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