LE BAROQUE DES LUMIERES Chefs-d’œuvre des églises parisiennes
au XVIIIe siècle

Article publié dans la Lettre n° 432
du 19 juin 2017


 
Pour voir le parcours en images de l'exposition, cliquez ici.

LE BAROQUE DES LUMIERES. Chefs-d’œuvre des églises parisiennes au XVIIIe siècle. A la fin de ce siècle, la Révolution française vide les églises de leurs œuvres. Beaucoup sont détruites, vendues ou, dans le meilleur des cas, envoyées dans les musées créés à ce moment. Certains tableaux seront remis en place au XIXe siècle, mais rarement à leur emplacement d’origine. La présente exposition rassemble ainsi, outre des toiles provenant d’églises parisiennes, de nombreux tableaux, souvent spectaculaires par leurs dimensions, prêtés par les musées (le Louvre, Versailles, Lyon, Rennes, Marseille, Brest, etc.) ou les églises et cathédrales (Saint-Denis, Lyon, Macon) où ils sont conservés aujourd’hui. Tous ont bénéficié d’une campagne de restauration en vue de cette exposition.
La peinture d’église au XVIIIe siècle n’a jamais fait l’objet d’exposition spécifique. Le sujet lui-même est peu étudié dans l’histoire de l’art, d’autant plus que la peinture française du XVIIIe siècle évoque davantage les raffinements de la fête galante et du portrait que la grande peinture religieuse. Pourtant celle-ci était très importante. Les tableaux étant destinés à des lieux publics, c’était une façon pour les peintres de se faire connaître en dehors du Salon et l’on voit ici avec quelle maîtrise ils peignaient ces grandes toiles, tant pour les murs que les voutes et les autels.
Le parcours se déroule en dix sections dans une scénographie magistrale et spectaculaire de Véronique Dollfus qui évoque les différentes parties d’une église : porche, baptistère, nef baroque, chapelles, sacristie, déambulatoire, chevet et enfin nef néo-classique. Rarement des tableaux avaient été aussi bien mis en valeur.
Après une introduction décrivant le contexte de cette exposition, nous avons quelques tableaux du début du XVIIIe siècle, encore influencés par le siècle précédent qui avait mis en avant les mouvements des personnages et une palette lumineuse, comme le montre Le Magnificat de Jean Jouvenet (1716), encore en place dans le chœur de Notre-Dame de Paris, ou les ricordi (répliques de petit format) peints en vue de futures restaurations des grands tableaux de Saint-Germain-des-Prés.
La salle suivante évoque une grande nef baroque et accueille une douzaine de grands retables présentés dans des niches sur des sortes d’autels. Ils ont été peints par Jean Restout (Le Baptême du Christ, 1734 ou 1738), Charles Coypel (Les Pèlerins d’Emmaüs, 1746), Charles Natoire (Saint-Etienne parmi les docteurs, 1745), Jean-Baptiste-Marie Pierre (Le Martyre de Saint Thomas Becket, 1748), Carle Van Loo (L’Adoration des anges, 1751), François Lemoine (Saint Jean-Baptiste prêchant dans le désert, 1726), Simon Julien (Le Martyre de Saint-Hippolyte, 1762) ou encore Noël Hallé (Le Christ et les enfants, 1775).
On entre ensuite dans la reconstitution grandeur réelle de la Chapelle des Enfants-Trouvés, aujourd’hui détruite, qui fit sensation  à l’époque avec son décor à l’italienne et ses panneaux peints de Charles Natoire, dont on voit des estampes gravées par Etienne Fessard, qui en gardent ainsi le souvenir. Vient ensuite une salle consacrée au « théâtre du Sacré », où l’on voit peintres et sculpteurs collaborer pour réaliser des décors gigantesques racontant la vie des saints avec des effets illusionnistes.
Au XVIIIe siècle le culte des saints se transforme. On oublie les saints légendaires pour s’intéresser aux contemporains, surtout ceux actifs dans les missions ou ayant fondé des institutions. On voit ainsi des tableaux représentant dans leur action François de Sales et Jeanne de Chantal, Saint François de Paule, Saint François Solano baptisant les indiens, Vincent de Paul prêchant, Saint Jacques de la Marche, Saint-Thomas-de-Villeneuve et quatre tableaux concernant Saint-Augustin.
Après avoir traversé la « sacristie » consacrée aux objets de « Dévotion », tableaux personnels, magnifique chasuble, reliquaires, livres de piété, on atteint le « déambulatoire » où est évoquée la présente « campagne de restauration » avec divers tableaux, dont deux projets de Carle van Loo sur Le Miracle de l’hostie et un tableau en très mauvais état pour nous faire toucher du doigt les multiples problèmes rencontrés en cours de restauration.
On traverse ensuite une salle où est expliqué le cheminement d’une commande religieuse au XVIIIe siècle, selon qu’elle émane de la paroisse (pour la nef ou le maître-autel) ou de particuliers (pour les chapelles). On voit tout l’intérêt pour les artistes de ces commandes, qui pouvaient leur ouvrir les portes de l’Académie royale et leur assuraient la notoriété.
La dernière salle est une autre nef consacrée à « La peinture religieuse néoclassique ». Y sont exposés quelque sept grands tableaux de Louis-Jean-François Lagrenée, Joseph-Benoît Suvée (La Nativité, 1784), Nicolas-René Jollain (Le Bon Samaritain, 1773), Pierre Peyron (La Résurrection du Christ, 1784) et surtout Jacques-Louis David avec un impressionnant Christ en Croix (1782). Cette somptueuse exposition peut se poursuivre in situ dans six églises parisiennes ayant bénéficié de restaurations. R.P. Petit Palais 8e. Jusqu’au 16 juillet 2017. Lien: www.petitpalais.paris.fr.


Pour vous abonner gratuitement à la Newsletter cliquez ici

Index des expositions

Nota: pour revenir à « Spectacles Sélection » utiliser la flèche « retour » de votre navigateur