ÂMES SAUVAGES
Le symbolisme dans les pays baltes

Article publié dans la Lettre n° 457
du 20 juin 2018


 
Pour voir le parcours en images de l'exposition, cliquez ici.

ÂMES SAUVAGES. Le symbolisme dans les pays baltes. Cette exposition fait partie des événements qui se déroulent dans toute l’Europe jusqu’en 2021 pour commémorer la constitution en états indépendants des pays baltes, l’Estonie, la Lettonie et la Lituanie, peu après la fin de la première guerre mondiale. C’est pour nous l’occasion de faire connaissance avec les artistes de ces pays durant la période allant des années 1890 aux années 1920-1930. En effet, l’histoire de l’art au tournant des XIXe et XXe siècles étant entièrement consacrée à la France et à son influence dans d’autres pays, les pays baltes, entre autres, sont restés, comme pour les anciens géographes, terra incognita !
Durant l’époque couverte par cette exposition, c’est le symbolisme qui domine dans l’art de ces pays. Ce courant qui rejette la représentation en miroir de la société contemporaine, telle que la pratique le naturalisme, entend montrer que derrière la réalité tangible gît une réalité seconde que seul l’art peut formuler. Parmi les artistes représentatifs de ce mouvement, nous trouvons Gustave Moreau, Arnold Böcklin et les préraphaélites. Les artistes baltes, quant à eux, puisent essentiellement dans la mythologie scandinave et dans les contes de leurs pays. La mythologie grecque est totalement absente de leurs propos. Du reste, ces artistes restent chez eux et, s’ils se forment à l’étranger, c’est à Saint-Pétersbourg. Paris n’est éventuellement que l’objet d’un voyage. Voilà pourquoi, à part M. K. Čiurlionis, peintre et aussi compositeur, ces artistes nous sont inconnus. Toutes les œuvres exposées ont été prêtées par les musées et les collectionneurs de ces pays.
Le parcours de l’exposition est divisé en trois étapes. La première est consacrée aux « Mythes et légendes ». Les tableaux les plus marquants sont signés Ferdynand Ruszczyc (Nec mergitur, 1904-1905), Janis Rozentāls (Au premier chant du coq, vers 1905 ; Arcadie, vers 1910 ; Chant de printemps, 1901 ; L’Archer, 1914), Oskar Kallis (Kalev sur le dos de l’aigle, 1917 ; Linda portant un rocher, 1917), Nikolai Triik (Lennuk, 1910 ; Le Départ pour la guerre, 1909), Kristjan Raud (Sacrifice, 1935 ; La Mort de Kalevipoeg, 1935) ou encore Stanisław Jarocki (La Samogitie sacrée, 1910), et bien sûr Mikalojus Konstantinas Čiurlionis (Rex, 1909 ; Conte,  un triptyque, 1907), pour n’en citer que quelques-uns parmi les quelque quarante-cinq exposés dans cette section.
La deuxième étape est intitulée « L’Âme ». Outre certains artistes déjà cités comme Triik (Portrait de Konrad Mägi, 1908 ; La Chasse, 1913), Rozentāls (Portrait de Malvīne Vīgnere, Soir, 1898) ou Kallis (Sous le soleil d’été, 1917), on y trouve Johann Walter (Jeune paysanne, vers 1904) et Konrad Mägi dont on voit un magnifique tableau peint recto-verso. D’un côté nous avons Portrait de femme (1918-1921) et de l’autre Composition (1916-1921). Mais le tableau le plus frappant de cette section est le magnifique La Princesse au singe (1913), qui évoque le style de Klimt.
La dernière section, « La Nature », qui comporte plus de cinquante œuvres, s’ouvre avec la série complète des treize tableaux de Čiurlionis, La Création du monde (1905-1906), qui a peu à voir avec la Genèse mais plutôt avec Kant, Laplace et Darwin. Ensuite, c’est un vaste panorama de paysages de toutes sortes avec des forêts, des lacs, des peupliers et le soleil. On retrouve les peintres des sections précédentes comme Walter (Forêt de bouleaux, vers 1903-1904 ; Peupliers, 1904), Kallis et le  sujet qui lui est cher (Soleil. Maestoso, 1917), Triik (Paysage décoratif de Norvège, 1908), Mägi (Paysage de Norvège, 1909 ; Paysage de Norvège au pin, 1908-1910 ; Motif de forêt, 1913). Mais il y a aussi des artistes qui ne sont que dans cette section. C’est en particulier le cas de Vilhelms Purvītis dont le somptueux Les Eaux printanières (Maestoso) (vers 1910) clos l’exposition ou encore Pēteris Krastiņš (Nuages sur la forêt, vers 1905-1907 ; Nouvelle lune, vers 1905-1907) et Petras Kalpokas (Arbres près d’un lac, avant 1914). Les tableaux de cette dernière section nous rappellent un peintre mieux connu, surtout depuis l’exposition qui lui avait été consacrée dans ce musée en 2012 (Lettre n°337), le finlandais Akseli Gallen-Kallela. Une exposition intéressante qui complète nos connaissances en histoire de l’art. R.P. Musée d’Orsay 7e. Jusqu’au 15 juillet 2018. Lien : www.musee-orsay.fr.


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