Parcours en images de l'exposition

ALBERT EDELFELT (1854-1905)
Lumières de Finlande

avec des visuels mis à la disposition de la presse
et nos propres prises de vue

Parcours accompagnant l'article publié dans la Lettre n°545 du 13 avril 2022



 


PROLOGUE

 
Né au domaine de Kiiala à Porvoo, sur la côte méridionale de la Finlande, Albert Edelfelt (1854-1905) est le fils d’un architecte d’origine suédoise. Il suit une première formation artistique à Helsinki, puis bénéficie d’une subvention d'État lui permettant de poursuivre ses études à l’Académie des beaux-arts d'Anvers. Bien décidé à mener une carrière de peintre d'histoire, il se rend ensuite à Paris, où il assiste aux cours de Jean-Léon Gérôme à l'École des beaux-arts. Si ses premiers envois au Salon s'inscrivent dans la veine historiciste, il est également perméable aux tendances novatrices du milieu parisien.
En 1875, sa rencontre avec Jules Bastien-Lepage, chantre du naturalisme, le fait définitivement évoluer vers une voie nouvelle, le pleinairisme, mouvement privilégiant l’étude de la lumière et l’observation de la nature. Son style synthétisant les approches réaliste et impressionniste lui vaut les faveurs de la critique et du public. Il est aussi plébiscité pour sa grande maîtrise dans l’art du portrait, qu’il démontre brillamment au Salon de 1886 avec le Portrait de Louis Pasteur. Cette reconnaissance lui permet de s'établir durablement dans la capitale française, où il acquiert un atelier dans le quartier de la plaine Monceau, avenue de Villiers.
Parallèlement à sa carrière parisienne, Edelfelt garde un lien fort avec sa terre natale, où il retourne tous les étés. Il puise dans les paysages et la vie rurale de ses compatriotes des sujets d’inspiration pour les grandes compositions qu’il souhaite présenter au Salon, et avec lesquelles il consolide sa réputation. Grand voyageur et patriote, le peintre joue un rôle important dans la promotion de la Finlande ainsi que dans sa lutte pour l’indépendance face à l'impérialisme russe. Par son engagement politique et esthétique, mais également par sa stature internationale, Edelfelt s'affirme comme un modèle pour la jeune génération d'artistes finlandais, parmi lesquels Akseli Gallen-Kallela et Helene Schjerfbeck.
Affiche de l'exposition
 
Texte du panneau didactique
 

Carte de la Finlande
 
Repères chronologiques.
REPÈRES BIOGRAPHIQUES

1854 : Naissance le 21 juillet au domaine de Kiiala à Porvoo (côte méridionale de la Finlande).
1869-1873 : Formation à Helsinki.
1873-1874 : Formation à l’Académie royale des beaux-arts d’Anvers.
1874-1877 : Formation à l’École des beaux-arts de Paris, dans l’atelier de Jean-Léon Gérôme.
1875 : Rencontre avec Jules Bastien-Lepage.
1877 : Première participation au Salon, avec Blanche de Namur, reine de Suède, et le prince Haquin.
1879 : Il achète une villa à Haikko, où il passe ses étés à peindre.
1880 : Il obtient une médaille de troisième classe au Salon avec Le Convoi d’un enfant, Finlande.
1881 : Rencontre avec Louis Pasteur.
1881-1882 : Séjour en Russie, où il réalise notamment le portrait des enfants du Tsar.
1882 : L’État français acquiert Service divin au bord de la mer, Finlande, première oeuvre finlandaise à entrer dans les collections publiques françaises. Il fait partie des membres fondateurs du Salon annuel de la galerie Georges Petit, «Société internationale de peintres et sculpteurs».
1886 : Il triomphe au Salon avec le Portrait de Louis Pasteur, qui lui vaut la Légion d’honneur.
1889 : Il obtient le Grand Prix à l’Exposition universelle de Paris.
1890 : Il participe au premier Salon de la Société nationale des beaux-arts.
1900 : Il participe à l’Exposition universelle de Paris en tant qu’exposant, commissaire de la section finlandaise et membre du jury de l’art international.
1905 : Décès à Haikko le 18 août, à l’âge de 51 ans.

 
Texte du panneau didactique.
 
Pascal Dagnan-Bouveret (1852-1929). Portrait d'Albert Edelfelt, 1887. Huile sur bois. Helsinki, musée d'Art de l’Ateneum, galerie nationale de Finlande.
 

Au Salon des artistes français de 1886, Albert Edelfelt connaît la consécration avec la présentation du Portrait de Louis Pasteur, encensé par la critique et acquis par l'État. Cette année-là, son ami le sculpteur Ville Vallgren expose également un Buste d'Albert Edelfelt lui valant une mention honorable. Les deux compères affirment brillamment la voix des artistes nordiques sur la scène parisienne. Ils sont les dignes représentants d’une colonie artistique très nombreuse dans la capitale, comme l’illustre le tableau du peintre suédois Hugo Birger, où l'on identifie entre autres les peintres Carl Larsson, Hugo Salmson, August Hagborg, Ernst Josephson ou encore le sculpteur Per Hasselberg, sans oublier Edelfelt et Vallgren, trinquant joyeusement.
Arrivé à Paris en1874, Albert Edelfelt y réside de façon permanente jusqu'en 1889, année où il repart s'installer en Finlande, mais il conserve toute sa vie un lien avec la capitale française, théâtre de ses plus grands succès et tremplin de sa carrière internationale.

Albert Edelfelt (1854-1905). Autoportrait au bureau, 1902-1903. Encre de Chine sur papier. Helsinki, musée d’Art de l’'Ateneum, galerie nationale de Finlande.
 
Légende.
Hugo Birger (1854-1887). Un déjeuner chez Ledoyen, le jour du vernissage, 1886 (reproduction).


1 - L'ARCADIE FAMILIALE

Scénographie

Edelfelt naît en 1854 au manoir de Kiiala à Porvoo, sur la côte sud de la Finlande. Son père, Carl Albert Edelfelt (1818-1869), est un architecte d'origine suédoise. Sa mère, Alexandra Edelfelt (1833-1901), née Alexandra Brandt, est issue d’une famille de marchands. Outre Albert, le couple donne naissance à trois filles : Ellen (1859-1876), Annie (1866-1935) et Berta (1869-1934). En 1866, la famille déménage à Helsinki, où le jeune Albert suit sa première formation artistique.

À la mort de Carl-Albert en 1869, il se retrouve à vivre au sein d’un univers essentiellement féminin, entre sa mère, ses sœurs et la vieille servante Fredrika Snygg, dite Tatja. De ce contexte, Edelfelt conserve toute sa vie un profond attachement à Haikko, petite bourgade où la famille achète une villa en 1879 : ce lieu constitue pour lui un cadre idyllique et ressourçant, à l'opposé du tumulte de la vie parisienne. Il continue à y séjourner bien des années plus tard avec sa femme, Ellan de la Chapelle, et son fils Erik.

 
Texte du panneau didactique.
 
Albert Edelfelt (1854-1905). Portrait d’Ellan Edelfelt, femme de l’artiste, 1886. Huile sur toile. Helsinki, musée d’Art de l’Ateneum, galerie nationale de Finlande. © Finnish National Gallery / Jenni Nurminen.
 
Albert Edelfelt (1854-1905). Portrait d'Alexandra Edelfelt, mère de l'artiste, 1883. Huile sur toile. Helsinki, musée d’Art de l'Ateneum, galerie nationale de Finlande.
 
Albert Edelfelt (1854-1905). Portrait de Berta Edelfelt, sœur de l’artiste,  1884. Huile sur toile. Helsinki, musée d’Art de l’Ateneum, galerie nationale de Finlande. © Finnish National Gallery / Jenni Nurminen.
 
Albert Edelfelt (1854-1905). Portrait d’Ellen Edelfelt, sœur de l'artiste, 1876. Huile sur toile. Helsinki, musée d’Art de l'Ateneum, galerie nationale de Finlande.
 
Albert Edelfelt (1854-1905). Portrait d’Annie Edelfelt, sœur de l'artiste, 1883. Huile sur panneau. Helsinki, musée d'Art de l’Ateneum, galerie nationale de Finlande.


2 - UNE PREMIÈRE VOCATION : LA PEINTURE D'HISTOIRE

Scénographie

Après une formation à Helsinki (1871-1873) sous la direction d'Adolf von Becker, Edelfelt poursuit son parcours à l'Académie des beaux-arts d'Anvers (1873-1874), grâce à une subvention du gouvernement finlandais destinée à assurer la formation d'un peintre capable de promouvoir l'histoire nationale.
Bien décidé à mener une carrière dans le « grand genre » (la peinture d'histoire), Edelfelt se rend ensuite à Paris, où il intègre, en mai 1874, l'atelier du peintre Jean-Léon Gérôme à l'École des beaux-arts. Ces années d'études sont l'occasion de développer un réseau de camaraderie artistique : il fréquente plusieurs confrères finlandais avec lesquels il crée des liens privilégiés, tels Gunnar Berndtson, qui partage son atelier, ou le sculpteur Ville Vallgren. Il sympathise également avec de jeunes artistes gravitant autour de Jules Bastien-Lepage, en particulier Pascal Dagnan-Bouveret, avec lequel il entretient une solide amitié.
Fort de son enseignement académique, Edelfelt se lance dans sa première grande composition historique : Blanche de Namur, reine de Suède et le prince Haquin (La Reine Blanche). Présentée au Salon de 1877, elle s'inspire d'un ouvrage de l'écrivain finlandais Zacharias Topelius. Encouragé par ce premier succès, il récidive l’année suivante avec la présentation d'une œuvre d’une forte intensité dramatique, dans laquelle il se montre le brillant héritier des peintres Paul Delaroche et Jean-Paul Laurens : Le Duc Charles insulte le cadavre de son ennemi Klaus Fleming. En 1879, il puise son inspiration dans un sombre épisode de l'histoire finlandaise, la révolte des paysans de 1596-1597, qu'il met en scène dans un paysage enneigé.

 
Texte du panneau didactique.
 
Albert Edelfelt (1854-1905). La Leçon d'escrime, 1877. Huile sur toile. Collection particulière.
 
Albert Edelfelt (1854-1905).  Blanche de Namur, reine de Suède, et le prince Haquin (La Reine Blanche), 1877. Huile sur toile. Helsinki, musée d’Art de l’Ateneum, galerie nationale de Finlande, donation Hjalmar Linder. © Finnish National Gallery / Hannu Aaltonen.

Inspirée d’un conte du Finlandais Zacharias Topelius, cette œuvre met en scène un personnage très populaire de l’histoire suédoise, la reine de Suède et de Norvège Blanche de Namur. La jeune femme n’est pas représentée dans son rôle de souveraine mais dans celui de mère : son fils sur les genoux, elle le berce au son d’une chanson. Malgré le choix d’un sujet historique, le peintre se focalise sur une scène anecdotique et émouvante, tout en accordant une place importante au costume et au décor médiéval.

 
Albert Edelfelt (1854-1905). Portrait du peintre Pascal Dagnan-Bouveret, 1881. Huile sur toile. Vesoul, musée Georges-Garret.


Edelfelt rencontre Pascal Dagnan-Bouveret (1852-1929) dès son arrivée à Paris en 1874. Les deux artistes s’affirment comme les brillants représentants d’un pleinairisme international, dans le sillage de Jules Bastien-Lepage. Edelfelt admire profondément son camarade, qui s'impose au Salon de 1880 comme l’une des étoiles montantes de la scène française avec sa grande toile L'Accident. Dagnan-Bouveret renouvelle la peinture de genre par une approche quasi photographique.
Albert Edelfelt (1854-1905). Le Duc Charles insulte le cadavre de son ennemi Klaus Fleming, 1597, 1878. Huile sur toile.
Helsinki, musée d’Art de l’Ateneum, galerie nationale de Finlande. © Finnish National Gallery / Hannu Pakarinen.

Lors du Salon de 1878, Edelfelt livre un tableau d’une forte intensité dramatique, au thème puisé dans l’histoire scandinave. Ayant pris possession du château de Turku, le duc Charles se rend à la chapelle où repose la dépouille de son ennemi Klaus Fleming, gouverneur de la Finlande. Faisant ouvrir le cercueil, il tire la barbe du défunt et le nargue. Le choix d’un tel sujet reflète sans doute l’admiration d’Edelfelt pour le peintre Jean-Paul Laurens, spécialisé dans les scènes macabres.

 
Jules Bastien-Lepage (1848-1884). Portrait du grand-père de l'artiste, 1874. Huile sur toile. Paris, musée d’Orsay, en dépôt au musée des Beaux-Arts Jules-Chéret de Nice. Donation d’Émile Bastien-Lepage, 1926.

Élève de Cabanel à l'École des beaux-arts de Paris, Bastien-Lepage fait forte impression au Salon de 1874, avec le Portrait du grand-père de l'artiste, pour lequel il obtient une médaille de troisième classe. Quelques années plus tard, il est consacré chef de file du naturalisme avec sa grande toile, Les Foins (Salon de 1878). Comme beaucoup de confrères étrangers, Edelfelt admire profondément le jeune artiste, dont l'influence engage sa peinture vers le pleinairisme.
 
Gunnar Berndtson (1854-1895). Un peu, à la folie, pas du tout (Pause dans l'atelier, 1879. Huile sur panneau. Helsinki, musée d'Art de l’Ateneum, galerie nationale de Finlande,.

La jeune fille posant pour Berndtson est le même modèle que celui d’Edelfelt : il s'agit d’une Française, Virginie. Elle est ici saisie lors d’un moment de pause, effeuillant une marguerite en rêvant à son amoureux. Les accessoires témoignent de la vogue du japonisme, qui déferle sur Paris dans les années 1870-1880.
 
Otto Wallenius (1855-1925). Albert Edelfelt malade à Paris, 1877. Huile sur toile. Helsinki, musée national de Finlande.
 
Albert Edelfelt (1854-1905). Sous le Directoire, 1881. Huile sur toile. Collection particulière.
Albert Edelfelt (1854-1905). Service divin au bord de la mer, Finlande, 1881. Huile sur toile.
Paris, musée d’Orsay Photo © RMN-Grand Palais (Musée d’Orsay) / Stéphane Maréchalle.

Sur ce tableau qui lui vaut une médaille de deuxième classe au Salon, Edelfelt représente une cérémonie religieuse en plein air, inspirée d’une scène à laquelle il a assisté dans sa région natale, sur l’archipel de Pellinki. Il fait poser des paysans issus des alentours d’Haikko, la bourgade où il possède une résidence. La nappe de l’autel est ornée d’une croix en écorce de pin telles celles que les paysans finlandais disposaient pour décorer le sol de leurs maisons les jours de fête.

 
Albert Edelfelt (1854-1905). Étude pour Service divin au bord de la mer, 1881. Huile sur toile. Helsinki, musée d'Art de l’Ateneum, galerie nationale de Finlande, collection Ahlström.
 
Albert Edelfelt (1854-1905). Le Village incendié : épisode de la révolte des paysans finlandais, en 1596, 1879. Huile sur toile. Helsinki, musée national de Finlande.


Pour sa troisième participation au Salon, Edelfelt trouve son inspiration dans un douloureux moment de l’histoire finlandaise : l'insurrection des paysans à la fin du XVIe siècle, connue sous le nom de « guerre des Gourdins ». Le tableau frappe par sa composition alliant un paysage de neige aux subtiles variations de blanc, et un groupe de personnages aux traits bien individualisés, témoignant déjà de l’acuité du peintre dans le domaine du portrait.
Scénographie
 
Albert Edelfelt (1854-1905). Portrait du sculpteur Ville Vallgren et de sa femme, l'artiste Antoinette Raström, 1886. Pastel et caséine à la détrempe sur toile. Göteborg, musée d’Art.
 
Albert Edelfelt (1854-1905). Autoportrait en costume du XVIIe siècle, 1889. Huile sur toile. Helsinki, musée d’Art de l’Ateneum, galerie nationale de Finlande. © Finnish National Gallery / Jenni Nurminen.

Edelfelt se représente sous l’apparence du comte Per Brahe (1602-1680), gouverneur général de la grand-principauté suédoise de Finlande. Ayant amorcé la construction d’un État pour cette province jusqu’alors négligée, il fait partie des grandes figures historiques du pays. L’expression finnoise « kreivin aika », littéralement « au temps du comte », signifie aujourd’hui « au bon vieux temps ».
 
Albert Edelfelt (1854-1905). Étude de femme nue, 1874. Huile sur toile. Helsinki, musée d’Art de l’Ateneum, galerie nationale de Finlande, collection Montgomery.
 
Albert Edelfelt (1854-1905). Académie masculine, de dos, 1874. Huile sur toile. Helsinki, musée d’Art de l’Ateneum, galerie nationale de Finlande.


3 - UNE NOUVELLE VOIE : LE PLEINAIRISME

Scénographie

Malgré sa formation académique, Edenfelt est sensible aux tendances novatrices qui nourrissent le milieu artistique parisien dans les années 1870. En 1875, sa rencontre avec Jules Bastien-Lepage le fait définitivement évoluer vers une autre voie, le pleinairisme, mouvement privilégiant l'étude de la lumière et l'observation de la nature.
En1879,il met en œuvre ces nouveaux principes dans Le Convoi d'un enfant, Finlande. Exposée au Salon de 1880, la toile lui vaut une médaille de troisième classe et suscite sa reconnaissance auprès de la critique, séduite par la limpidité
de la lumière septentrionale, la charge émotionnelle et l'authenticité des personnages. Dès lors, Edelfelt poursuit dans cette veine (En route pour le Baptême, En mer, golfe
de Finlande, Enfants au bord de l'eau
), consolidant sa notoriété et atteignant la consécration officielle avec l'acquisition par l'État français, en 1882, de sa toile Service
divin au bord de la mer
, premier achat français d'une œuvre finlandaise.

 
Texte du panneau didactique.
 
Albert Edelfelt (1854-1905).  Enfants au bord de l’eau, 1884. Huile sur toile. Helsinki, musée d’Art de l’Ateneum, galerie nationale de Finlande, collection Ahlström.  © Finnish National Gallery / Hannu Aaltonen.
 
Albert Edelfelt (1854-1905).  Le Convoi d’un enfant, Finlande, 1879. Huile sur toile. Helsinki, musée d’Art de l’Ateneum, galerie nationale de Finlande, collections Antell. © Finnish National Gallery / Hannu Pakarinen.

« Sur les eaux diaprées du golfe, une barque glisse lentement vers le cimetière voisin, emportant un petit cercueil bleu, garni de dentelles. Un morne désespoir accable les parents du pauvre enfant qui n’est plus. L’embarcation s’en va comme bercée par la plainte d’une ballade du Kanteletar [poèmes finnois] ; et pour ajouter encore à l’émotion poignante de ce convoi, la nature septentrionale jette sur tous les visages et tous les aspects son éclat froid et métallique » (Jean-Baptiste Pasteur).

 
Albert Edelfelt (1854-1905).  En route pour le baptême, 1880. Huile sur toile. Collection particulière. © Stockholms Auktionsvork / Helsinki.

Ce tableau est une réplique du Convoi d’un enfant, Finlande, réadapté par Edelfelt sur un thème plus joyeux, à la demande d’un collectionneur américain. Le cercueil a disparu, remplacé par un nouveau-né emmailloté dans les bras de sa mère, et la gamme chromatique froide a laissé la place à des tons plus festifs.

 
Albert Edelfelt (1854-1905). Étude pour Enfants au bord de l'eau, 1884. Huile sur toile. Helsinki, musée d’Art de l’Ateneum, galerie nationale de Finlande.
 
Albert Edelfelt (1854-1905). En mer, golfe de Finlande, 1883. Huile sur toile. Göteborg, musée d'Art.


4 - LE PORTRAIT DE LOUIS PASTEUR :
UNE RECONNAISSANCE INTERNATIONALE

Scénographie

Au salon de 1886, Edelfelt réalise un vrai coup d'éclat avec la présentation du Portrait de Louis Pasteur. La critique reconnaît la supériorité de son œuvre sur celle d'un maître confirmé, Léon Bonnat, qui expose également une effigie du célèbre scientifique. Ayant découvert le vaccin contre la rage l'année précédente, Pasteur est alors au sommet de sa renommée. Edelfelt choisit de représenter le savant dans son laboratoire : saisi dans les prémices de sa grande découverte, le visage concentré et déterminé, il examine un
morceau de moelle épinière dans un flacon.
Au-delà d'un portrait social tel que l’avaient proposé François Lafon au Salon de 1884 ou Bonnat en 1886, Edelfelt offre avec cette composition une véritable allégorie de la Science en marche. Cette approche se retrouve dans les portraits du docteur Roux et du professeur Runeberg. Incarnation de la science positiviste promue par la IIIe République, le Portrait de Louis Pasteur est acheté par l'État français et vaut à Edelfelt la Légion d'honneur.
Dès sa rencontre avec Jean-Baptiste Pasteur (fils de Louis) en 1880, Edelfelt développe des liens d'amitié durables avec la famille, dont il devient le portraitiste attitré. Ultime témoignage de ces relations, le Portrait de Madame Pasteur en deuil est présenté à l'Exposition universelle de 1900.

 
Texte du panneau didactique.
 
Albert Edelfelt (1854-1905). Portrait de Louis Pasteur, 1885 (salon de 1886). Huile sur toile. Versailles, musée national des châteaux de Versailles et de Trianon, en dépôt au musée d’Orsay. Photo © RMN-Grand Palais (Musée d’Orsay) / Martine Beck-Coppola. 

Edelfelt rencontre Louis Pasteur par l’intermédiaire de son fils Jean-Baptiste, qui lui suggère d’exécuter son portrait. Le peintre s’y attelle au printemps 1885, alors que le savant travaille à ses recherches sur le vaccin contre la rage. Pasteur peut être considéré comme une figure tutélaire pour la carrière d’Edelfelt : le triomphe de son portrait au Salon de 1886 marque un réel tournant dans la reconnaissance du peintre, en le faisant accéder au rang de portraitiste international.

 
François Lafon (1846-1913). Portrait de Louis Pasteur, 1884. Huile sur toile. Paris La Défense, Centre national des arts plastiques, en dépôt au musée des Beaux-Arts de Dole.


Ce portrait de Louis Pasteur est le premier acquis par l’État français pour les collections publiques, au Salon de 1884. Il est néanmoins peu commenté par la critique. Bien que le savant soit mis en scène dans son laboratoire, la pose demeure celle d’un portrait officiel : vêtu de sa redingote noire ornée de la rosette de la Légion d’honneur, il est accoudé à un meuble, une plume dans la main droite, le regard dans le vague.
 
Léon Bonnat (1833-1922). Portrait de Louis Pasteur et de sa petite-fille, Camille Vallery-Radot, 1886. Huile sur toile. Paris, collection musée Pasteur, Institut Pasteur.

Ce portrait a été commandé à Bonnat par Jacob-Christian Jacobsen (1811-1887), fondateur de la brasserie Carlsberg, afin de l’offrir à Mme Pasteur. Le brasseur avait développé une relation de confiance avec le savant, qui avait mis au point un procédé de fermentation permettant de mieux conserver la bière et de la transporter sans altération du goût par des bactéries extérieures. Ayant appris l'intention de Jacobsen de l'honorer par un portrait, Pasteur suggéra de poser avec sa petite-fille Camille.

 
Albert Edelfelt (1854-1905). Portrait de René Vallery-Radot, 1888. Huile sur toile. Paris, collection musée Pasteur, Institut Pasteur.

René Vallery-Radot (1853-1933) était le gendre et secrétaire de Louis Pasteur. Edelfelt le rencontre par l'intermédiaire de Jean-Baptiste Pasteur, fils du savant. René, qui voue un véritable culte à son beau-père, se montre particulièrement reconnaissant envers Edelfelt pour l’effigie qu'il en a réalisée : « Grâce à vous, le portrait historique de M. Pasteur est fait. Merci encore de ce que vous avez été pour lui. ».
 



Scénographie
 
Albert Edelfelt (1854-1905). Portrait de Jean-Baptiste Pasteur, 1881. Huile sur toile. Paris, collection musée Pasteur, Institut Pasteur.


Fils de Louis Pasteur, Jean-Baptiste (1851-1908) rencontre Edelfelt dès 1880. Intégrant le quai d’Orsay en janvier 1891, il commence sa carrière comme secrétaire d’ambassade, puis enchaîne les missions diplomatiques dans les capitales européennes (Rome, Copenhague, Madrid, Athènes). À sa mort en 1908, sa nièce Camille écrit a la veuve du peintre : « Que le cher monsieur Edelfelt serait malheureux aujourd’hui ! lui, l'ami par excellence de mon pauvre oncle et de nous tous ! ».
 
Albert Edelfelt (1854-1905). Portrait de Madame Pasteur en deuil, 1899. Huile sur toile. Paris, collection musée Pasteur, Institut Pasteur.

Louis Pasteur rencontre Marie-Aimée Laurent (1826-1910) à Strasbourg, alors qu’il est en poste à la faculté des sciences. Le mariage est célébré le 29 mai 1849. Marie demeure toute sa vie une fidèle et discrète compagne, entièrement dévouée à la carrière de son époux. Elle se montre fort satisfaite du portrait réalisé par Edelfelt, comme elle l’écrit à son fils, Jean-Baptiste : « La ressemblance est renversante ! La robe noire est tout à fait digne et calme, ainsi que la coiffure. »
 
Albert Edelfelt (1854-1905). Portrait du professeur J. W. Runeberg, doyen de la faculté de médecine de Helsinki, 1902. Huile sur toile. Helsinki, musée de l’Université de Helsinki.
 
Albert Edelfelt (1854-1905). Portrait du docteur Roux faisant son cours, 1895. Huile sur toile. Paris, collection musée Pasteur, Institut Pasteur.

Émile Roux (1853-1933) est un fidèle collaborateur de Pasteur, dont il rejoint le laboratoire dès 1878. Il participe ainsi à de nombreuses recherches comme celles sur le choléra des poules et les maladies infectieuses. En 1889, il ouvre le premier cours de microbie technique de l'Institut Pasteur, surnommé « Cours de Monsieur Roux ». La même année, il découvre la toxine diphtérique, puis met au point un sérum antidiphtérique en 1894. En 1904, il devient directeur de l’Institut Pasteur.
 
Albert Edelfelt (1854-1905). Étude pour le Portrait de Louis Pasteur,1885. Huile sur toile. Helsinki, musée d'Art de l'Ateneum, galerie nationale de Finlande.
 
Albert Edelfelt (1854-1905). Portrait de Camille Vallery-Radot, 1901. Huile sur toile. Paris, collection musée Pasteur, Institut Pasteur.

Camille (1880-1927) avait pour parents Marie-Louise Pasteur, fille de Louis, et René Vallery-Radot, secrétaire de Pasteur. Debout devant une table, elle pose sa main droite sur un ouvrage de référence : La Vie de Pasteur, biographie rédigée par son père après la mort du savant. Son oncle Jean-Baptiste écrit à Edelfelt quelques années plus tard : « Camille s’est attelée à la très généreuse besogne d’imprimer en caractères pour les aveugles La Vie de Pasteur. ».


5 - SCÈNES DE LA VIE MODERNE

Scénographie

Les portraits représentent environ la moitié de l'œuvre d'Albert Edelfelt. Son aptitude à l'observation réaliste, conjuguée à sa compréhension du modèle, en fait un portraitiste très recherché par les cercles mondains, tant intellectuels que politiques ou princiers. Sa carrière «sociale» culmine avec les commandes de la famille impériale russe, pour laquelle il réalise des portraits très officiels - tels ceux du tsar Nicolas II - ou plus intimes à l'image des enfants d’Alexandre III. Remarquable interprète de la grâce féminine, Edelfett se plait à représenter les élégantes Parisiennes, dans la sphère publique ou privée, bien souvent sous les traits de son modèle favori, Virginie. Il s'attache à décrire précisément le chatoiement de leurs costumes et le raffinement de leurs accessoires, l'une écrivant une lettre, l'autre lisant, jouant du piano ou posant avec son éventail.
Parmi ses égéries, la diva finlandaise Aïno Ackté, fait l'objet de deux portraits d’approche radicalement différente. S’attachant strictement à son statut social, celui de 1901 la représente dans une élégante robe noire doublée d’une veste de fourrure, et coiffée d’un imposant chapeau : rien ne permet de l'identifier comme une cantatrice. L’année suivante, Edelfelt propose une tout autre vision : un portrait de scène. La jeune femme pose dans l'un de ses rôles emblématiques, en Alceste sur les rives du Styx. Drapée de blanc, le regard inspiré, elle est mise en scène devant un arrière-plan théâtral dramatisant la composition.

 
Texte du panneau didactique.
 
Albert Edelfelt (1854-1905). Au piano, 1884. Huile sur toile. Göteborg, musée d'Art.
 
Albert Edelfelt (1854-1905). Portrait de la cantatrice Aïno Ackté, 1901. Huile sur toile. Helsinki, musée d’Art de l’Ateneum, galerie nationale de Finlande, collections Antell. © Finnish National Gallery / Jenni Nurminen. 

Comme Albert Edelfelt, la soprano Aïno Ackté (1876-1944) incarne la réussite des artistes finlandais autour de 1900. Formée au Conservatoire de Paris, elle est révélée à l’Opéra en 1897, dans le rôle de Marguerite de Faust. Elle enchaîne ensuite les rôles prestigieux, de Juliette (Roméo et Juliette) à Elsa (Lohengrin), en passant par Alceste (Alceste). Au début du XXe siècle, elle poursuit sa brillante carrière à l’Opéra de New York. En 1938, elle prend la direction de l’Opéra de Helsinki.

 
Albert Edelfelt (1854-1905). Aïno Ackté en Alceste sur les rives du Styx, 1902. Huile sur toile. Helsinki, musée d’Art de l'Ateneum, galerie nationale de Finlande, collections Antell.
 
Albert Edelfelt (1854-1905). Michael et Xenia, enfants du tsar Alexandre III, 1881-1882. Aquarelle sur papier. Helsinki, musée d'Art de l’Ateneum, galerie nationale de Finlande.
 
Albert Edelfelt (1854-1905). Michael et Xenia, enfants du tsar Alexandre III, 1882. Huile sur toile. Collection particulière. © Finnish National Gallery / Petri Virtanen. 

Parallèlement à sa brillante carrière parisienne, Edelfelt développe son réseau en Russie, où il est nommé membre de l’Académie des beaux-arts (1881) et où il est sollicité par la famille impériale pour plusieurs tableaux. Ce double portrait des enfants du tsar témoigne d’une volonté nouvelle de spontanéité et d’intimité. Michael et Xenia, vêtus simplement, le regard mutin, escortés de leur chien, posent dans un décor chaleureux et non dans un cadre officiel ou avec des costumes d’apparat.

 
Albert Edelfelt (1854-1905). Meilleurs Amis III (Berta et Capi), 1883. Aquarelle et encre de Chine sur papier. Helsinki, musée d’Art de l’Ateneum, galerie nationale de Finlande. © Finnish National Gallery / Hannu Pakarinen.
 
Albert Edelfelt (1854-1905). Portrait d'Alfred Kœchlin-Schwartz, 1880. Huile sur toile. Paris, galerie Elstir.

Edelfelt rencontre Alfred Kœchlin-Schwartz en 1874, par l'intermédiaire du comte Gustaf Philip Armfelt, un ami de sa mère. Maire du 8e arrondissement de Paris, l’homme politique est un précieux soutien pour le jeune artiste récemment arrivé dans la capitale. Il l'introduit dans son réseau de sociabilité et lui commande plusieurs portraits. Il est représenté dans une pose naturelle, en train de lire Le Siècle. La présence de la Légion d'honneur sur sa redingote révèle néanmoins son statut.
Scénographie
 
Albert Edelfelt, Virginie, 1883. Huile sur toile. Joensuu, musée d’Art, collection Arla Cederberg.
 
Albert Edelfelt (1854-1905). La Réponse, 1887. Huile sur panneau. Stockholm, musée national.
 
Albert Edelfelt (1854-1905). Au jardin du Luxembourg, 1887. Huile sur toile. Helsinki, musée d’Art de l’Ateneum, galerie nationale de Finlande, collections Antell. © Finnish National Gallery / Hannu Pakarinen. 

Sur ce tableau, la lumière claire et l’atmosphère de tendresse heureuse s’apparentent à l’impressionnisme. Mais quand l’œuvre est présentée à la galerie Georges Petit en 1887 avec les toiles de Monet et ses amis, Edelfelt prend amèrement conscience du fossé qui les sépare : « il y a là trop d’impressionnistes, et leurs ciels clairs bleu de Prusse et outremer, leurs paysages jaunes et vert pomme et leurs ombres violettes tuent toutes les peintures honorables et décentes accrochées à leur côté » (lettre d’Albert Edelfelt à sa mère, 12 mai 1887).

 
Albert Edelfelt (1854-1905). Parisienne lisant, 1880. Huile sur toile. Helsinki, musée d’Art de l’Ateneum, galerie nationale de Finlande. © Finnish National Gallery / Hannu Aaltonen. 

Edelfelt fait régulièrement appel à un jeune modèle français, Virginie, qui pose également pour son confrère Gunnar Berndtson. Elle figure notamment sur les deux versions de la Parisienne lisant. Le coussin de soie sur lequel elle s’appuie, ainsi que la draperie à l’arrière-plan, montrent l’intérêt du peintre pour la vogue du japonisme. Edelfelt achetait ses accessoires au grand magasin Le Bon Marché.

 
Albert Edelfelt (1854-1905). Virginie au chapeau noir, 1881. Huile sur toile. Stockholm, musée national.
 
Albert Edelfelt (1854-1905). Jeune femme rousse tenant un éventail japonais, 1879. Huile sur panneau. Collection Niemistö.


6 - LA TENTATION IMPRESSIONNISTE

Scénographie

Nourri au naturalisme de Jules Bastien-Lepage, Edelfelt n’est cependant pas imperméable à l’art des impressionnistes, comme en témoignent Toits de Paris sous la neige et Sous les bouleaux. Tout comme eux, le peintre s’intéresse aux sujets de la vie moderne, dont Paris et ses alentours offrent de merveilleux exemples (Au parc de Saint-Cloud).
Pourtant, Edelfelt ne réalise qu’un seul grand tableau de sujet parisien dans sa carrière : Au jardin du Luxembourg. La toile, présentée à la galerie Georges Petit en 1887, frappe par son cadrage décentré, la subtilité de sa lumière et sa virtuosité chromatique, en particulier dans le traitement des différentes nuances.

 
Texte du panneau didactique.
 
Albert Edelfelt (1854-1905). Toits de Paris sous la neige, 1887. Huile sur panneau. Helsinki, musée d'Art de l'Ateneum, galerie nationale de Finlande.
 
Albert Edelfelt (1854-1905). Jeunes filles dans une barque, 1886. Huile sur toile. Helsinki, musée d'Art de l’Ateneum, galerie nationale de Finlande, collection Montgomery.
 
Albert Edelfelt (1854-1905). Au parc de Saint-Cloud, 1905. Huile sur toile. Helsinki, musée d'Art de l’Ateneum, galerie nationale de Finlande.
 
Albert Edelfelt (1854-1905). Femme dans une barque, étude pour Jeunes filles dans une barque, 1886. Huile sur toile. Helsinki, musée d'Art de l’Ateneum, galerie nationale de Finlande.
 
Albert Edelfelt (1854-1905). Sous les bouleaux II, 1882. Huile sur toile. Josie Rowland.


7 - LE CHANT DE LA TERRE NATALE

Scénographie

Parallèlement à sa carrière parisienne, Edelfelt entretient un lien fort avec sa terre natale. Disposant d'un port d'attache à Haikko où il se fait construire un atelier en 1883, il y retourne tous les étés. Le peintre puise dans les paysages septentrionaux et la vie rurale de ses compatriotes des sujets d'inspiration pour les grandes compositions qu'il souhaite présenter au Salon, et avec lesquelles il consolide sa réputation, telles L'Heure de la rentrée des ouvriers et Devant l’église, Finlande.
Dans ces œuvres emblématiques, Edelfelt met en scène l'essence même de ce qui constitue sa patrie : les Finlandais - peuple de paysans et de marins -, les paysages mêlant lacs et forêts (Vue sur Haikko), la lumière crépusculaire (Coucher de soleil sur les collines de Kaukola), sans oublier la neige et les maisons de bois (Paysage d'hiver au parc Kaivopuisto, Helsinki).
L'artiste fait preuve d'une grande tendresse dans la représentation de ses concitoyens, qu'il s'agisse d'enfants jouant avec des bateaux de bois ou occupés à des travaux domestiques (Apprentis tailleurs dans un asile d'enfants, Petite fille tricotant une chaussette, Les Constructeurs de navires), d'une femme au visage buriné (Vieille paysanne finlandaise) ou de fiers marins sur le pont d'un navire (Mouillage à Copenhague).

 
Texte du panneau didactique.
 
Albert Edelfelt (1854-1905). Rivage à Haikko en automne, vers 1892. Aquarelle sur papier. Helsinki, musée d’Art de l’Ateneum, galerie nationale de Finlande.
 
Albert Edelfelt (1854-1905). L’Heure de la rentrée des ouvriers, Finlande, 1885. Huile sur toile. Musée national d’Art Statens Museum for Kunst (SMK), the National Gallery of Denmark, Copenhague.
 
Albert Edelfelt (1854-1905). Vue sur Haikko, 1899. Huile sur toile. Helsinki, musée d’Art de l’Ateneum, galerie nationale de Finlande, collections Antell. © Finnish National Gallery / Hannu Pakarinen.
 
Albert Edelfelt (1854-1905). Devant l’église, Finlande, 1887. Huile sur toile. Helsinki, musée d’Art de l’Ateneum, galerie nationale de Finlande. © Finnish National Gallery / Hannu Pakarinen. 

Ce tableau est inspiré à Edelfelt lors d’un séjour à Ruokolahti, au sud-est de la Finlande, mais il réalise sa toile de retour à Haikko, en faisant poser des femmes de la région. Présentée au Salon de 1888, la toile est peu commentée par la critique, étant supplantée par les «Bretonnes au Pardon» de son ami Dagnan-Bouveret, d’une composition assez proche.

 
Albert Edelfelt (1854-1905). Apprentis tailleurs dans un asile d’enfants, Finlande, 1885. Huile sur toile. Collections Reitz.
Scénographie
 
Albert Edelfelt (1854-1905). Étude finale pour Devant l’église, Finlande, 1887. Huile sur toile. Turku, musée d'Art.
 
Albert Edelfelt (1854-1905). Chagrin, 1894. Huile sur toile. Helsinki, musée d’Art de l’Ateneum, galerie nationale de Finlande, collection Antell.
 
Albert Edelfelt (1854-1905). Les Constructeurs de navires, 1886. Huile sur toile. Collection particulière.
 
Albert Edelfelt (1854-1905). Vieille paysanne finlandaise, 1882. Huile sur toile. Helsinki, musée d’Art de l’Ateneum, galerie nationale de Finlande, collection Hoving.

Si le peintre fait appel à des modèles professionnels à Paris, il n'en a pas à disposition en Finlande. Il fait donc poser ses proches ou les habitants de Haikko. La vieille paysanne est Fredrika Snygg, dite Tatja, la fidèle servante de la famille Edelfeit, que l'on retrouve sur de nombreux tableaux.
 
Albert Edelfelt (1854-1905). Paysage d'hiver au parc Kaivopuisto, Helsinki (Journée de décembre), 1892. Paris, musée d'Orsay.
 
Albert Edelfelt (1854-1905). Porvoo vu depuis la colline de Näsinmäki, 1898. Huile sur bois. Helsinki, musée d'Art de l’Ateneurn, galerie nationale de Finlande.
Scénographie
 
Albert Edelfelt (1854-1905). Petite fille tricotant une chaussette, 1886. Huile sur toile. Mänttä, fondation des Beaux-Arts Gösta Serlachius.
 
Albert Edelfelt (1854-1905). Mouillage à Copenhague III, 1890. Huile sur toile. Helsinki, Palais présidentiel, collection impériale.
 
Albert Edelfelt (1854-1905). Coucher de soleil sur les collines de Kaukola, 1889-1890. Huile sur toile. Helsinki, musée d’Art de l’Ateneum, galerie nationale de Finlande. © Finnish National Gallery / Hannu Pakarinen. 

Parallèlement à ses scènes rurales, Edelfelt s’illustre dans le genre du paysage, qu’il pratique tardivement et où transparaît son admiration pour les estampes japonaises, comme en témoigne cette œuvre au format vertical. Présentée au Salon de la Société nationale des Beaux-Arts en 1890, elle séduit la critique par sa luminosité subtile et son atmosphère quasi mystique.

 
Albert Edelfelt (1854-1905). Vue depuis les collines de Kaukola, 1888-1889. Aquarelle sur papier. Helsinki, musée d’Art de l’Ateneum, galerie nationale de Finlande.


8 - « POUR LA FINLANDE » : ŒUVRES À CONNOTATION PATRIOTIQUE

Scénographie

Grand voyageur et patriote, Albert Edelfelt joue un rôle majeur dans la promotion de la Finlande ainsi que dans sa lutte pour l'indépendance face à l'impérialisme russe, à l'instar de son compatriote Juhani Aho. Outre son lien viscéral à sa terre natale, son attachement aux sujets spécifiquement finlandais participe également d'un réel engagement politique.
Ce militantisme affleure dans plusieurs œuvres, comme le portrait de la chanteuse de runes Larin Paraske, véritable incarnation de l'identité finnoise. Dans sa toile Pêcheurs finlandais, le peintre a donné aux trois personnages guettant l'horizon un air farouche et déterminé, symbole de la patrie bien décidée à lutter contre le joug de l'oppresseur. Diffusé par le biais de copies, ce tableau est devenu une icône de la résistance patriotique. De même, le paysage de L'Île de Särkkä, Helsinki peut être interprété comme un manifeste en faveur de l'autonomie finlandaise, la forteresse installée sur l'île ayant été construite au XVIIIe siècle pour résister à l'envahisseur russe.
La posture diplomatique d'Albert Edelfelt est consacrée par sa nomination comme commissaire de la section finlandaise à l'Exposition universelle de 1900. Par son engagement politique et esthétique et sa stature internationale, le peintre s'affirme comme un modèle pour la jeune génération d'artistes finlandais, parmi lesquels Akseli Gallen-Kallela, Helene Schjerfbeck et Magnus Enckell.

 

Lors de l’Exposition universelle de Paris en 1900, le pavillon finlandais, œuvre de l'architecte Eliel Saarinen, distinct de celui des Russes, est mis sur le même plan que celui des autres pays, consacrant la Finlande comme nation autonome. Nommé commissaire de la section finlandaise, Edelfelt est chargé de la décoration du pavillon : il commande des tableaux et des fresques à plusieurs confrères, et peint lui-même deux paysages, dont cette vue du port de Helsinki.

Texte du panneau didactique.
 
Albert Edelfelt (1854-1905). Le Port de Nyländska Jaktklubben à Helsinki, 1899. Huile sur toile. Helsinki, musée d’Art de l’Ateneum, galerie nationale de Finlande, collection Antell.

 
Albert Edelfelt (1854-1905). Pêcheurs finlandais, 1898. Huile sur toile. Helsinki, musée d'Art de l’Ateneum, galerie nationale de Finlande, collections Antell.
 
Albert Edelfelt (1854-1905). L'Île de Särkkä, Helsinki, 1894. Huile sur toile. Helsinki, musée d’Art de l’Ateneum, galerie nationale de Finlande.
Scénographie
 
Albert Edelfelt (1854-1905). Portrait de l'écrivain Juhani Aho, 1892. Huile sur toile.

Juhani Brofeldt, dit Juhani Aho (1861-1921), est un écrivain et journaliste finlandais ayant activement contribué à la promotion de la langue finnoise. Membre du mouvement libéral « Nuori Suomi » (Jeune Finlande), il fait partie des francophiles les plus reconnus, au même titre qu'Edelfelt. Ce dernier l'estime profondément et lui rend hommage à travers ce portrait.
 
Albert Edelfelt (1854-1905). Image de couverture pour la revue artistique Helsingfors-Paris 1889, 1899. Crayon et encre de Chine sur papier. Helsinki, musée d’Art de l’Ateneum, galerie nationale de Finlande.

En 1889, Edelfelt participe à l'Exposition universelle de Paris. Il exécute par ailleurs ce dessin allégorique : la Finlande, symbolisée par une fillette dont la coiffe est ornée de la cathédrale d’Helsinki, est accueillie à bras ouverts par une femme élégante incarnant la ville de Paris. Elle est chaperonnée par un garçon qui représenterait l'Empire russe, la Finlande étant alors sous domination russe.


9 - HAIKKO, LE RETOUR AUX SOURCES

Scénographie

Albert Edelfelt meurt le 18 août 1905 à Haikko, dans ce lieu qui lui est si cher et qu'il continue à représenter jusqu’à la fin de sa vie (Le Cottage des Karlsson, La Villa d'été de l'artiste à Haikko). Cette bourgade où il fait construire un atelier d’été en 1883 lui offre un cadre idyllique et ressourçant, à l'opposé du tumulte de la vie parisienne.
Haikko constitue pour le peintre un refuge intime, étroitement associé à son univers familial peuplé de femmes: sa mère et sa femme bien sûr, mais aussi la vieille servante de la famille, Tatja, qui lui sert plusieurs fois de modèle, et ses sœurs Berta et Annie (Le Long du rivage, Jeunes filles nouant des guirlandes), dont il est très proche, et qui s'emploient à entretenir sa mémoire et sa renommée. Les deux sœurs publient notamment en 1923 la correspondance d'Albert avec Alexandra, leur mère. Cette parution ne passe pas inaperçue en France : « Des lettres qu’il écrivait à sa mère tandis qu'il étudiait et qu’il commençait à acquérir sa renommée viennent d’être publiées par ses sœurs, écrivains distingués. On y découvre une nature charmante, fine, délicate, ouverte à toutes les impressions » (Journal des Débats, 26 août 1923).

 
Texte du panneau didactique.
 
Albert Edelfelt (1854-1905). La Villa d'été de l'artiste à Haikko, 1905. Huile sur toile. Helsinki, musée d’Art de l’Ateneum, galerie nationale de Finlande.
 
Albert Edelfelt (1854-1905). Le Cottage des Karlsson, 1905. Aquarelle, gouache et crayon sur carton. Helsinki, musée d’Art de l’Ateneum, galerie nationale de Finlande. © Finnish National Gallery / Hannu Pakarinen.
 
Albert Edelfelt (1854-1905). Jeunes filles nouant des guirlandes, étude, vers 1886. Huile sur toile. Helsinki, musée d'Art de l’Ateneum, galerie nationale de Finlande.