Parcours en images et en vidéos de l'exposition

1997 FASHION BIG BANG

avec des visuels mis à la disposition de la presse
et nos propres prises de vue

Parcours accompagnant l'article publié dans la Lettre n°572 du 14 juin 2023





Cour du Palais Galliera
 

Défilés et créations de référence, faits marquants, émergence de personnalités emblématiques… pas moins d’une cinquantaine de dates clés – dont trente-huit sont présentées dans un parcours chronologique – font de 1997 une année exceptionnelle dans l’histoire de la mode.
La saison printemps-été 1997 en témoigne dès octobre 1996, lors des défilés du prêt-à-porter, quand cinq créatrices et créateurs proposent des visions aussi radicales que complémentaires. Puis, en janvier 1997, la semaine de la haute couture voit les premières collections très attendues de figures majeures de la mode, et marque le renouveau d’une discipline alors jugée moribonde.
Ce « Big Bang », comme titre Vogue Paris, rayonne sur toute la profession. Ainsi, 1997 marque l’entrée de la mode dans le XXIe  siècle tant les questionnements, les modèles, les enjeux, les influences et les carrières de nombre de personnalités incontournables semblent avoir influencé ces vingt-six dernières années. Aujourd’hui, alors que ce système est en  pleine mutation (remis en question par les mouvements féministes, l’inclusivité, l’écologie, l’appropriation culturelle et les limites de la mondialisation, exacerbés par la récente pandémie et les réseaux sociaux), l’exposition 1997 Fashion Big Bang invite à découvrir, ou à revivre, l’étonnante simultanéité de ces événements charnières, avec le souhait de restituer l’énergie créative d’une époque.

Affiche de l'exposition.
 
Texte du panneau didactique.
 
Entrée de l'exposition.
 
8 octobre 1996 : Comme des Garçons par Rei Kawakubo, collection «Body Meets Dress, Dress Meets Body».  Prêt-à-porter. Printemps-été 1997. Haut, jupe à protubérances amovibles et ballerines. © Gautier Deblonde.


Section 1 - Les défilés prêt-à-porter printemps-été 1997

Scénographie

Directeur artistique de Gucci à Milan, Tom Ford pousse l’énergie sexuelle de ses créations au paroxysme avec le G-string, emblème d’une vision hédoniste et décomplexée.
Présentées à Paris à un jour d’intervalle, les collections «Stockman  de Martin Margiela et «Body Meets Dress, Dress Meets Body» de Comme des Garçons interrogent la création et l’esthétique du vêtement. Elles questionnent également la notion de corps idéal, alors que les débats sur la chirurgie esthétique et la controverse sur les premiers essais de clonage font rage.
Ann Demeulemeester dédie à Patti Smith une collection à l’androgynie assumée qui lui vaudra une reconnaissance internationale. Peu après, Yohji Yamamoto, sensible au renouveau de la haute couture parisienne, rend hommage aux figures majeures de cette discipline à travers un défilé parmi les plus applaudis de la saison.

 
Texte du panneau didactique.
 
3 octobre 1996 : Gucci par Tom Ford. Prêt-à-porter. Printemps-été 1997. Le « G-string ».
 
9 octobre 1996 : Ann Demeulemeester, collection hommage à Patti Smith. Prêt-à-porter. Printemps-été 1997. Costume, chemise basculée, débardeur et bottines.
 
12 octobre 1996 : Yohji Yamamoto, collection «Hommages». Prêt-à-porter. Printemps-été 1997. Robe manteau, capeline, ombrelle, gants et ballerines.


Du 7 au 16 octobre 1996 - Martin Margiela, collection «Stockman»

Célèbre pour ses détournements du vêtement, Martin Margiela souhaite réviser ses classiques et les fondements de la technique du drapé. Pourtant, aucune robe du soir sophistiquée n’en résulte, mais une collection fondée sur un buste de mannequin d’atelier «Stockman», commun à tous les studios de création, porté en gilet et sur lequel sont épinglées des étapes de la conception du vêtement. Le créateur belge exploite un vocabulaire d’atelier, compréhensible par le plus grand nombre et, ce faisant, touche à l’essentiel de la création en mettant en lumière les étapes qui, d’ordinaire, sont cachées au public.
La richesse de cette idée est telle que Margiela continuera de la creuser pour la saison automne-hiver 1997, composée de véritables toiles ou de patrons en papier portés comme de vrais vêtements.
 
Texte du panneau didactique.
 
Du 7 au 16 octobre 1996 : Martin Margiela, collection dite «Stockman». Prêt-à-porter. Printemps-été 1997. Étude de drapé en coupon montée sur structure, buste de mannequin porté en gilet, jean, semelles de tabis scotchées.


8 octobre 1996 - Comme des Garçons par Rei Kawakubo,
collection
«Body Meets Dress, Dress Meets Body»

Seize ans après ses débuts à Paris, Rei Kawakubo divise la critique. Dans un silence monacal, elle provoque l’admiration ou le malaise. En plaçant des protubérances sous des vêtements collants, la créatrice fusionne le vêtement avec le corps. Ce défilé serait né de la colère de la créatrice devant une vitrine du magasin Gap remplie de vêtements noirs trop simples. « Je maintiens que de voir des vêtements expérimentaux constitue, pour chacun, une sorte de libération mentale. », expliquera Kawakubo en 1998. La collection interroge autant le vêtement que le corps, sa beauté et ses proportions. En 1981, Rei Kawakubo questionnait la vision occidentale du vêtement. Ici, elle va plus loin en contestant les canons féminins de la beauté qui prédominent depuis l’Antiquité.
 
Texte du panneau didactique.
 
8 octobre 1996 : Comme des Garçons par Rei Kawakubo, collection «Body Meets Dress, Dress Meets Body».  Prêt-à-porter. Printemps-été 1997. Haut, jupe à protubérances amovibles et ballerines.


Vidéos de défilés, printemps-été 1997

 

Extraits de vidéos de 5 défilés, printemps-été 1997. 4 min. 8 sec.

- Défilé Gucci par Tom Ford. ©Yoox Net-à-porter Group Runway. Collection: Fashion Footage Archive. 38 sec.
- Présentation Martin Margiela. © Mike Sleeckx et Stefan Verkruyck, 28 sec.
- Défilé Comme des Garçons. © Comme des Garçons. 1 min. 15 sec.
- Défilé Ann Demeulemeester. © Ann Demeulemeester. © Wim Michiels. 48 sec.
- Défilé Yohji Yamamoto. © Yohji Yamamoto - images Videopolis. 46 sec.

Extraits de vidéos de 5 défilés.
 


SECTION 2 : Les défilés haute couture, printemps-été 1997
Grande Galerie


De deux cents maisons de couture en 1946, elles ne sont plus que quinze en 1996. Pour survivre, cette industrie en déclin aurait besoin, selon la presse, d’«une contre-offensive médiatique». Celle-ci se produit en juillet 1996, à l’occasion de la recherche du successeur de Gianfranco Ferré à la tête de Christian Dior, qui soulève un intérêt immense et secoue le monde de la mode. Ces rumeurs sans précédent prennent fin en octobre, avec la nomination de John Galliano. Elle sera suivie de celle d’Alexander McQueen chez Givenchy, et l’annonce de leurs premières collections haute couture en janvier 1997. Les deux jeunes créateurs sont rejoints par Jean Paul Gaultier et Thierry Mugler, deux figures du prêt-à-porter des années 1980.
Cette semaine de haute couture est la plus médiatisée de la fin du XXe siècle. En pleine mutation, la discipline n’est plus seulement jugée à l’aune de ses lignes et de ses finitions parfaites, mais par l’image et le spectacle qu’elle génère, introduisant une ère nouvelle de présentations spectaculaires retransmises dans le monde entier. Paris est à nouveau l’épicentre de la mode.
 
Texte du panneau didactique.
 
Scénographie. © Gautier Deblonde.


19 janvier 1997 - Première collection de Givenchy
par Alexander McQueen


À seulement 27 ans, Alexander McQueen est appelé à diriger l’une des enseignes les plus emblématiques du classicisme de la haute couture. Ce créateur britannique controversé désire pourtant s’inscrire dans la continuité du travail d’Hubert de Givenchy et se concentrer sur la coupe des vêtements de jour.
Le logo de la maison – un carré formé de quatre G affrontés – lui rappelle les frises de méandres de la Grèce antique. McQueen en fait le point de départ d’une collection inspirée des mythes grecs classiques. Il applique également le blanc et l’or de cet emblème à toute la collection.
Sans égard à son jeune âge, les journalistes haranguent cette première présentation, accusant notamment son auteur de réaliser des costumes plutôt que des vêtements. Blessé, McQueen ressort de ce premier défilé avec un goût de revanche.
 
Texte du panneau didactique.
 
Givenchy par Alexander McQueen, ensemble, haute couture Printemps-été 1997, collection "The search of the Golden Fleece". Vogue Runway / Archives Condé Nast. © Condé Nast.
 
19 janvier 1997. Première collection de Givenchy par Alexander McQueen. Haute couture. Printemps-été 1997. Passage n°16, coiffe, plastron, veste et pantalon.
 
19 janvier 1997. Première collection de Givenchy par Alexander McQueen. Haute couture. Printemps-été 1997. Passage n°56, corset et pantalon.
 
19 janvier 1997. Première collection de Givenchy par Alexander McQueen. Haute couture. Printemps-été 1997. Passage n°30. Coiffe. Aigle naturalisé.
 
Défilé Givenchy. Printemps-été 1997.


19 janvier 1997 - Première collection haute couture de
Jean Paul Gaultier


19 Janvier 1997 : Première collection haute couture de Jean Paul Gaultier. Printemps-été 1997.
- Passage n°68, boléro et combinaison pantalon.
- Passage n°58, robe pull marin.
- Passage n°69, robe nuage vrille et étole.
19 janvier 1997 - Première collection haute couture de Jean Paul Gaultier

En 1995 et 1996, Jean Paul Gaultier est approché pour reprendre la direction artistique de Givenchy, puis de Christian Dior. Bien que déclinées, ces propositions auront fait ressurgir chez le créateur un rêve d’enfant, celui de rejoindre la haute couture. Son défilé reprend les codes traditionnels de la discipline. Sans musique, seule la voix suave et riante de la journaliste Élisabeth Quin décrit chaque passage à la manière des aboyeuses lors des présentations de l’entre-deux-guerres.
La collection de «l’enfant terrible» surprend par son classicisme, sa recherche de pureté et d’inventivité. Vingt ans après ses débuts, le créateur emblématique du prêt-à-porter des années 1980 s’inscrit dans la grande tradition de la haute couture parisienne, dont il renouvelle les codes. Le couturier présentera sa dernière collection en 2020.
 
Texte du panneau didactique.
 
Jean Paul Gaultier, première collection haute couture Printemps-été 1997. Photo Michael Thompson publiée dans Vogue Paris en Mars 1997 qui tirait "Gaultier, l'envol de la couture". © Michael Thompson / Courtesy of Jean Paul Gaultier.


20 janvier 1997 - Première collection de Christian Dior
par John Galliano


La première collection haute couture de John Galliano est attendue comme l’événement principal d’une saison explosive. À la tête de sa propre marque depuis 1984, il est nommé en 1995 directeur artistique de la maison Givenchy, puis de la maison Christian Dior en octobre 1996.
À un mois près, ce premier défilé marque le cinquantenaire de la marque: les cinquante tenues sont présentées sur cinquante mannequins, reflétant la diversité voulue par le couturier. Fidèle à son univers teinté de folie baroque, le couturier britannique multiplie les inspirations et les références, ethnographiques ou historiques. Salué par la presse, ce défilé lance quatorze années durant lesquelles John Galliano hissera la maison Christian Dior au sommet d’une créativité inégalée, en haute couture comme en prêt-à-porter
 
Texte du panneau didactique.
 
20 janvier 1997 : Première collection de Christian Dior par John Galliano. Haute couture. Printemps-été 1997.
- «Kitu», passage n°39, longue robe sirène en taffetas de soie noir peint par la maison Genève Cotté de fleurs tropicales, double corsets et boucles d'oreilles.
- «Diosera», passage n°6, veste tailleur en crêpe de laine ivoire, padding aux hanches, parements et ourlets frangés, portée sur une jupette en cuir façonné crocodile vernis noir.


22 janvier 1997 - Thierry Mugler, collection « Les Insectes »

22 janvier 1997 : Thierry Mugler, collection « Les Insectes ». Haute couture. Printemps-été 1997.
- Carapace à bras articulés et tour de cou coordonnés, jupe et escarpins.
- Casque «Insecte » sculpté par Jean-Jacques Urcun, tailleur redingote corseté, culotte et escarpins.
- Casque «Insecte» sculpté par Jean-Jacques Urcun, tailleur jupe et escarpins.
© Gautier Deblonde.
22 janvier 1997 - Thierry Mugler, collection «Les Insectes»
Après une première collection haute couture présentée en 1992, Thierry Mugler tente à nouveau l’exercice. Le défilé commence par un vrombissement d’ailes d’insectes donnant le ton à la collection la plus emblématique de la carrière du couturier. «J’ai toujours été fasciné par les insectes, leur carapace, leur graphisme très futuriste. Ils sont à la fois fragiles, légers et caparaçonnés, tout comme la femme que j’habille.», commente-t-il. Si Thierry Mugler puise son inspiration dans le film Microcosmos de Claude Nuridsany et Marie Pérennou (sorti en novembre 1996), il se réfère également à des œuvres plus confidentielles ou inattendues, tel L’Insecte (1968), ouvrage du naturaliste Jacques Brosse, ou les créatures extraordinaires peintes par le surréaliste belge Félix Labisse (1905-1982).
 
Texte du panneau didactique.
 
Thierry Mugler, lunettes « mouches » en plexiglas, haute couture Printemps-été 1997, collection «Les Insectes». Collection du Palais Galliera. © Paris Musées / Palais Galliera, Paris.


7 mars 1997 - Fendi, le sac « baguette »

 
Dessiné par Silvia Venturini Fendi, le sac « Baguette » doit son nom à sa forme et à son porté incliné vers l’arrière, comme une baguette de pain portée sous le bras. Présenté lors du défilé automne-hiver 1997-1998 de Fendi, il est aujourd’hui considéré comme l’un des premiers it-bags de l’histoire de la mode. Les modèles sont régulièrement renouvelés, quand d’autres, uniquement disponibles en édition limitée, acquièrent un statut d’objets de collection. La demande explose rapidement, obligeant les clientes à s’inscrire sur liste d’attente ou à faire la queue pour l’obtenir, comme chez colette à Paris. Le sac est également popularisé par le succès international de Sex and the City, dont l’épisode pilote est tourné en juin 1997 à New York. En 2017, plus d’un million d’exemplaires ont été vendus.

Texte du panneau didactique.

Scénographie (galerie Est). © Gautier Deblonde.
 
Fendi, sac « Baguette », 1997. © Courtesy of Fendi.


18 mars 1997 - Inauguration de colette

Dans un Paris où les propositions commerciales innovantes font défaut, Colette Roussaux et sa fille, Sarah Andelman, inaugurent colette au 213, rue Saint-Honoré. L’enseigne va participer à définir en France la notion de concept-store, défini par le sociologue et journaliste Francesco Morace à partir de l’italien «negozi di concetto» [magasins conceptuels]. Avec leur slogan «Style Design Art Food», mère et fille ambitionnent de réunir une boutique, une librairie, une galerie d’exposition, un restaurant. Elles mélangent librement vêtements, accessoires et produits high-tech, alors introuvables à Paris, dans une sélection renouvelée régulièrement. En vingt ans, colette deviendra «le passage obligé de la capitale». Sa fermeture définitive, le 20 décembre 2017, marquera pour la presse «la fin d’une ère».
 
Texte du panneau didactique.
 
Martin Margiela, perruque en fourrure « Bless », prêt-à-porter Automne-hiver 1997, vendue à la boutique Collette (Paris). Collection du Palais Galliera. © Paris Musées / Palais Galliera, Paris.
 
Reebook Fury, 1997. Modèle vendu chez Colette / Reebok Brand Archives. © Reebok International Ltd.
 
Reebook Fury, 1997. Modèle vendu chez Colette / Reebok Brand Archives. © Reebok International Ltd.


25 avril 1997 - Walter Van Beirendonck crée
les costumes du groupe U2


Le groupe pop rock U2 fait appel à Walter Van Beirendonck pour dessiner les costumes de sa tournée mondiale PopMart Tour, dont la première a lieu à Las Vegas. Depuis la fin des années 1980, le créateur anversois se distingue par un univers à la fantaisie débridée et par des collections aux dimensions politiques, écologiques et sociales. Référence majeure de la mode masculine, il est considéré comme l’un des premiers créateurs à questionner en profondeur les conventions et la notion de virilité. En 1997, que U2 fasse appel à Van Beirendonck étonne: ses créations transgressives sont davantage associées aux Club Kids, boîtes de nuit underground des années 1990, qu’à un groupe de rock mondialement connu. Pourtant, elles marqueront autant la carrière du créateur que celle des musiciens, au point d’être représentées dans un épisode de la série Les Simpsons.
 
Texte du panneau didactique.
 
Walter Van Beirendonck, 1997. Costume de scène porté par Bono: tee-shirt, pantalon, lunettes et boots.


7 mai 1997 - Jean Paul Gaultier crée les costumes du film
Le Cinquième
Élément de Luc Besson

7 mai 1997 : Jean Paul Gaultier crée les costumes du film Le cinquième élément de Luc Besson.
- Costume d’une hôtesse de l’air du Fhloston Paradise (jouée par Nicole Merry): calot, perruque, haut, jupe et bottillons.
- Costume de Leeloo (jouée par Milla Jovovich): perruque, combinaison à bandelettes.
- Costume de Ruby Rhod (joué par Chris Tucker) : perruque, combinaison, canne et paire de bottines.
7 mai 1997 - Jean Paul Gaultier crée les costumes du film Le Cinquième Élément de Luc Besson

Projeté en ouverture du Festival de Cannes, le jour même de sa sortie dans les salles françaises, Le Cinquième Élément de Luc Besson rencontre un succès international. Pour la première fois de l’histoire du cinéma, un film français arrive en tête du box-office américain. Jean Paul Gaultier en dessine les costumes, depuis les prémices du projet. Il écarte la piste de créations futuristes et préfère imaginer l’évolution de la garde-robe des années 1990, en se basant sur son propre style: élégance et glamour affirmés, éléments de lingerie détournés, références au streetwear et aux cultures underground, avec une touche d’humour et de sexualité, qu’importe le genre. Le film, qui vaudra au couturier une nomination aux César en 1998, réunira plus de 7,5 millions de spectateurs en France.
 
Texte du panneau didactique.
 
Scénographie (détail ci-dessus).


SECTION 3 : Les défilés haute couture, automne-hiver 1997-1998

Scénographie


La saison est galvanisée par les présentations de janvier et par ses nouveaux couturiers. Gianni Versace, alors au faîte de sa gloire, donne le coup d’envoi de la semaine de la haute couture. Le couturier s’est immergé dans deux catalogues d’expositions récentes –  Japonisme et mode au palais Galliera (1996), et The Glory of Byzantium au Metropolitan Museum of Art de New York (1997) – pour en extraire les dominantes d’une collection mystique et religieuse.
Christian Lacroix fête l’anniversaire des 10 ans de sa maison de couture. L’opulence qu’il professe depuis ses débuts, un temps contestée par le minimalisme du début des années 1990, est revigorée par le virage théâtral que prend la haute couture en 1997.
Alexander McQueen, lui, tire les enseignements des mauvaises critiques de sa première collection. Il se détourne du passé de la maison Givenchy et présente un deuxième défilé haute couture introspectif. Terrible et grandiose, il révèle toute l’intensité et la noirceur de sa création. Hommage aux artisans et couturières qu’il admire, il considère désormais la maison Givenchy comme un laboratoire où parfaire ses idées et lancer des recherches pour sa propre marque.
 
Texte du panneau didactique.
 
Versace, robe, haute couture Automne-Hiver 1997, dernière collection de Gianni Versace. Archives Versace. Mannequin Amber Valletta. © Courtesy of Versace.


6 juillet 1997 - Dernière collection de Gianni Versace

Gianni Versace, qui crée sa marque de prêt-à-porter à Milan en 1978, fait partie des prescripteurs de la mode des années 1980. Avec un vocabulaire éclatant et un sens du spectaculaire, il imagine des imprimés richement brodés et des robes provocantes, à l’asymétrie et au graphisme assumés.
Sensible au phénomène des super-modèles qui émerge à la fin des années 1980, il s’assure l’appui des mannequins les plus convoités, dont la présence contribue au succès de ses défilés, comme en témoigne ce modèle porté lors du défilé par Shalom Harlow. Depuis 1990, Gianni Versace présente son défilé haute couture dans la piscine du Ritz, dont le décor  néoclassique fait écho aux méandres et à la tête de Méduse, emblèmes de la marque.
Neuf jours après son défilé haute couture, Gianni Versace est assassiné devant sa villa à Miami par Andrew Cunanan. L’onde de choc provoquée par la nouvelle frappe le monde entier. La famille Versace diffuse un communiqué de presse solennel, toutes les boutiques de la marque ferment leurs portes et de nombreux événements de mode sont annulés.
 
Texte du panneau didactique.
 
6 juillet 1997: Dernière collection de Gianni Versace. Atelier Versace. Haute couture. Automne-hiver 1997-1998.
- Robe. Cotte de mailles en métal, broderies de cristaux Swarovski. Prêt Versace, Milan. La coiffe est une reconstitution contemporaine.
- Robe. Cuir rembourré et brodé de cristaux Swarovski. Prêt Versace, Milan. La coiffe est une reconstitution contemporaine.
© Gautier Deblonde.


7 juillet 1997 - Givenchy par Alexander McQueen,
collection « Eclect
Dissect »

7 juillet 1997 : Givenchy par Alexander McQueen, collection «Eclect Dissect». Haute couture. Automne-hiver 1997-1998.
- Passage n°5, collerette, plastron, haut, jupe et tournure.
- Perruque «La Goulue - Sultane».
- Passage n°38, robe, collerette, bijoux d'épaules et paire de gants à crispin.
- Perruque.
- Passage n°35, collet, veste et jupe.
- Passage n° 18, manteau, bibi et collier.
© Gautier Deblonde.
7 juillet 1997 - Givenchy par Alexander McQueen, collection «Eclect Dissect»

Le tartan écossais du clan McQueen – un lainage quadrillé rouge et noir à filet jaune – affirme la prise d’indépendance du créateur avec cette collection. «La première collection était pour [Givenchy]. Celle-ci, je la fais pour moi», annonce-t-il alors dans la presse.
Puisant son inspiration dans l’univers gothique du roman Frankenstein (1818) de Mary Shelley et du film The Cabinet of Dr. Caligari (1920) de Robert Wiene, Alexander McQueen invente un récit autour de sa collection : «C’est l’histoire d’un chirurgien fou qui, après avoir parcouru le monde, rentre chez lui avec un tas de bouts de corps et “d’inspirations”. Il les assemble comme Frankenstein et les enferme dans la maison. Le défilé commence lorsque ces “expériences” prennent vie. »
La collection mélange les références au XIXe siècle, aux costumes et accessoires issus de cultures des cinq continents. Les silhouettes effrayantes se hérissent de cornes, de serres ou d’ossements dont des crânes de rapaces, animaux préférés d’Alexander McQueen. La collection est présentée au rez-de-chaussée de l’École de médecine. Le sol est jonché d’illustrations, de planches d’anatomies et de dessins de mode de la fin du XIXe siècle. De grandes cages sont remplies de corbeaux vivants qui, selon le scénographe Simon Costin, «se nourriss[ent] des restes de corps humains d’expériences ratées».
 
Texte du panneau didactique.
 
Givenchy par Alexander McQueen. Haute couture. Automne-hiver 1997-1998. Passage n°35, collet, veste et jupe.
 
20 septembre 1997 - Alexander McQueen habille Björk sur la couverture de son album Homogenic

Homogenic est l’un des albums les plus célèbres de Björk. Pour concevoir sa couverture, la chanteuse islandaise contacte Alexander McQueen après avoir découvert une photographie de Nick Knight reproduisant un de ses modèles dans le numéro du magazine Visionnaire. Elle partage avec le créateur son souhait d’apparaître comme une «guerrière avec l’amour pour seule arme». Fidèle au goût de la fin des années 1990 pour le multiculturalisme, elle porte une robe inspirée d’un kimono japonais, un collier proche de ceux portés par les cultures Ndebele (Afrique du Sud) et birmanes, ainsi qu’une coiffure sculptée rappelant celles des tribus amérindiennes Hopi et Tewa. Ce brassage culturel fait écho à la collection «Eclect Dissect» qu’Alexander McQueen présente pour Givenchy deux mois auparavant.

Texte du panneau didactique.

Alexander McQueen, 1997. Kimono et ceinture portés par Björk. Satin de soie façonné et damassé. Fundación Museo de la Moda, Chili.
 
Björk, pochette de l’album « Homogenic », 1997. Stylisme Alexander McQueen, photo Nick Knight. © Nick Knight / Courtesy of Björk.


10 juillet 1997 - 10 ans de la maison Christian Lacroix

Artisan d’une mode somptuaire et baroque, Christian Lacroix est considéré comme le précurseur de l’opulence qui refait surface en 1997, après plusieurs années dominées par un style minimaliste.
Pour sa collection anniversaire, le couturier arlésien, au style reconnu, internationalement, s’inspire des santons napolitains – figurines de la crèche de Noël polychromes – et évoque les silhouettes de la fin du XIXe siècle dans une ambiance de zarzuela espagnole où théâtre et musique, danse et chant se mêlent. Les bustiers cuirassés, les poufs, les fleurs des corsages, les drapés dissymétriques retenus par des rubans sont autant d’évocations de la mode des années 1880.
 
Texte du panneau didactique.
 
10 juillet 1997 : 10 ans de la maison Christian Lacroix. Haute couture. Automne-hiver 1997-1998.
- Passage n° 49, robe bustier et étole.
- Passage n° 49 (sic), corselet et jupe.
 
Christian Lacroix, robe, haute couture Automne-Hiver 1997, collection « My House » (collection anniversaire des 10 ans de la maison Lacroix). Archives Christian Lacroix. © Guy Marineau / Christian Lacroix.
 
Christian Lacroix, robe, haute couture Automne-Hiver 1997, collection « My House » (collection anniversaire des 10 ans de la maison Lacroix). Archives Christian Lacroix. © Guy Marineau / Christian Lacroix.


24 août 1997 - Jean-Charles de Castelbajac habille
le pape Jean Paul II et
le clergé lors des
Journées mondiales de la jeunesse à Paris


Jean-Charles de Castelbajac, aubes d’évêques, réalisée pour la messe de clôture des Journées mondiales de la Jeunesse (JMJ), été 1997.
© Antonio Ribeiro / GAMMA RAPHO.
Du 18 au 24 août 1997, la douzième édition des Journées mondiales de la jeunesse (JMJ) réunit près de 1 200 000 catholiques du monde entier. Le créateur Jean-Charles de Castelbajac, célèbre depuis la fin des années 1970 pour son prêt-à-porter ludique et sa palette de couleurs primaires, marque l’histoire en devenant le premier créateur à habiller le pape et près de 5 500 officiants.
Les images du pontife font le tour du monde, tout comme la vague de couleurs créée par les tenues des ecclésiastiques. Jean-Paul II félicitera le créateur pour avoir «utilisé la couleur comme ciment de la foi». «Cette création d’ampleur représente un tournant dans ma carrière, je n’ai plus été le même homme après. L’impossible est devenu possible» a commenté le créateur.
 
Texte du panneau didactique.
 
Jean-Charles de Castelbajac, dessin de la chasuble du Pape Jean Paul II pour les JMJ 1997. © Jean-Charles de Castelbajac.
 
Pour dessiner les tenues des officiants, Castelbajac a l'idée d'un arc-en-ciel. Mais il craint que ce signe, lié a la communauté LGBT niée par l'Église, soit mal accepté par le clergé. «Il n’y a pas de copyright sur l’arc-en-ciel», le rassure Mgr Lustiger. Il choisit alors cinq couleurs pour marquer les cinq continents. Une large bande centrale verticale d’une seule couleur distingue les chasubles des prêtres de celles des évêques, composées des cinq couleurs.
Jean-Charles de Castelbajac, 1997. Chasuble d'évêque. Sergé de laine à rayures incrustées et imprimées. Prêt Jean-Charles de Castelbajac, Paris.
 
Texte du panneau didactique.


Raf Simons

Raf Simons fonde sa maison en 1995 et défile pour la première fois à Paris en janvier 1997. Diplômé d’une école de design, Raf Simons s'inspire de la contestation propre à l'adolescence et reprend l'esthétique des groupes de rock sur des vêtements qui fusionnent tailleur et sportswear. Avec son deuxième défilé, le designer impose un nouveau canon de beauté masculine : des mannequins à peine sortis de l'adolescence, grands, émaciés, à l'opposé des corps musclés et bronzés des années 1980-1990. Plus tard, Raf Simons s'ouvrira à la création féminine en tant que directeur artistique de Jil Sander (2005-2012), puis il travaillera en haute couture pour Christian Dior (2012-2015) et Calvin Klein (2016-2018).  Le 22 novembre 2022, il annoncera la fermeture de sa propre maison pour se consacrer à Prada, avec laquelle il collabore depuis 2020.
 
Texte du panneau didactique.
 
Raf Simons. 1997-1999. Pantalon. Sergé de coton noir. Collection particulière.
Jos Brands pour Raf Simons. Printemps-été 1998. Maquillage de palmiers noirs. Maquillage à l'alcool et fixatif. Reconstitution contemporaine par l'artiste.


Martine Sitbon

La collection de Martine Sitbon est l'un des points culminants d'une carrière débutée en 1985. La créatrice imagine l'histoire d'une femme perdue dans une forêt hantée. Elle se nourrit de références à la peinture symboliste d’Edward Burne-Jones (1833-1898) et de Gustave-Adolphe Mossa (1883-1971), se réfère à la poésie des Chants de Maldoror du comte de Lautréamont (1846-1870) tout comme au rock alternatif britannique.
«De toute ma carrière, se rappelle Martine Sitbon, cette collection est peut-être celle qui parle le plus profondément de moi. Elle fait ressortir des choses très personnelles de mon adolescence, quelque chose d’enfoui, de sombre parfois, où se mêlent la musique, ma sensibilité pour les couleurs et les réminiscences de ma passion pour la culture anglaise.»
 
Texte du panneau didactique.
 
Martine Sitbon. Prêt-à-porter. Automne-hiver 1997-1998, collection «Les Arbres». Robes.


SECTION 4 : Les défilés prêt-à-porter, printemps-été 1998

Scénographie. © Gautier Deblonde.

À Milan, Donatella Versace succède à son frère et présente une première collection vue par la presse comme le commencement d’une «ère nouvelle».
À Paris, le créateur américain Jeremy Scott triomphe avec sa collection «Rich White Women» qui reflète l’angoisse d’une société face au corps transformé par la chirurgie esthétique et le clonage.
Le goût de l’époque pour le passé se traduit par l’avènement d’un romantisme noir, voire gothique, qui imprègne les premières collections d’Olivier Theyskens, de Véronique Branquinho et de Josephus Thimister, nouvelle génération de créateurs formés en Belgique.
Elle aussi touchée par la nostalgie. Stella McCartney présente sa première collection pour Chloé et confirme le succès des jeunes talents britanniques nommés à la tête d’importantes maisons parisiennes. Seul directeur artistique français nommé en 1997, Nicolas Ghesquière crée la surprise avec son premier défilé pour Balenciaga composé de silhouettes monacales.
 
Texte du panneau didactique.
 
Jeremy Scott. « Rich White Women ».


Du 13 au 20 octobre 1997
Première collection d’Olivier Theyskens


Olivier Theyskens interrompt sa formation et crée, seul, une collection au romantisme noir, inspirée de la mode de la fin du XIXe siècle. Repéré par le producteur de défilé Étienne Russo, Olivier Theyskens participe au Barclay Catwalk, regroupant les créateurs belges émergeant lors d’un défilé en août 1997. Theyskens y fait défiler ses silhouettes corsetées qui attirent l’attention du bureau de presse de Kuki de Salvertes, qui propose au créateur son show-room parisien, lors de la semaine de prêt-à-porter printemps-été 1998. Le créateur présentera son premier défilé officiel en mars 1998.
Madonna contribue à lancer la carrière du créateur, en portant, en couverture du magazine Spin, le corset de cou qui orne l’une des deux silhouettes présentées dans l’exposition, au tout début de l’année 1998. Elle apparaîtra ensuite dans une de ses robes au festival de Sanremo en Italie, où elle présentera son single Frozen, dont l’esthétique ténébreuse correspond parfaitement aux silhouettes de Theyskens.
 
Texte du panneau didactique.
 
Du 13 au 20 octobre 1997 : Première collection d'Olivier Theyskens. Prêt-à-porter. Printemps-été 1998, collection «Gloomy Trips».
- Corset tour de cou et veste corsetée.
- Corset de cou, chemisier, corset, jupe longue et coiffe.


15 octobre 1997
Première collection de Chloé par Stella McCartney


Scénographie. © Gautier Deblonde.
15 octobre 1997 - Première collection de Chloé par Stella McCartney
À l’âge de 25 ans, Stella McCartney, fille du chanteur des Beatles Paul McCartney, succède à Karl Lagerfeld à la tête de Chloé. Pour sa première collection pour Chloé, la créatrice insiste pour utiliser des cotonnades et du lin, matières quelque peu délaissées dans les années 1990. Elle base sa création sur la légèreté ; les références à la mode et la lingerie du milieu du XXe siècle.
Végétarienne, elle bannit par conviction le cuir et la fourrure des collections Chloé. Le mélange de candeur et de sensualité qui caractérise sa création ne cessera de séduire les jeunes générations et de renforcer l’image de la maison parisienne à la fin des années 1990. En 2001, Stella McCartney quittera Chloé pour lancer sa propre marque et laissera les rênes de la création à son amie et assistante Phoebe Philo – arrivée chez Chloé en 1997.
 
Texte du panneau didactique.
 
Première collection de Chloé par Stella McCartney. Prêt-à-porter. Printemps-été 1998.
- Robe longue.
- Robe lingerie courte.
- Robe corsetée courte.

© Gautier Deblonde.


9 octobre 1997 :
Premier défilé de Donatella Versace pour Versace

Donatella Versace seconde son frère Gianni depuis ses débuts en 1978.
Immédiatement après la mort du créateur, elle achève la collection qu’il avait dessinée. Elle ne néglige en rien les signatures de la maison : des robes au glamour souligné par des découpes vertigineuses ou révélant la peau sous des transparences brodées. Cette première collection est saluée par la presse comme «audacieuse, intelligente et parfaite».
 
Texte du panneau didactique.
 
Premier défilé de Donatella Versace pour Versace. Prêt-à-porter. Printemps-été 1998.
- Robe longue.
- Robe bustier.
© Gautier Deblonde.


Du 13 au 20 octobre 1997 :
Première collection de Véronique Branquinho

Diplômée en 1995 de l'Académie royale des beaux-arts d'Anvers, Véronique Branquinho est fortement influencée par le groupe de créateurs belges nommés les «Six d'Anvers» et par Martin Margiela.
Dans sa création, le soin apporté aux finitions, les matières naturelles, la légèreté des mailles et des tricots, qui rappellent la fluidité de la mode des années 1970, s'opposent aux propositions grandiloquentes de nombreux créateurs en 1997.
D'une rare maturité, cette première collection mélange romantisme trouble et érotisme latent.
Fascinée par la part d'ombre d’une adolescence à la candeur trompeuse, Véronique Branquinho cite l'influence des photographies de jeunes filles de David Hamilton, les films Heavenly Creatures (1994) de Peter Jackson et Picnic at Hanging Rock (1975) de Peter Weir.
 
Texte du panneau didactique.
 
Première collection de Véronique Branquinho. Prêt-à-porter. Printemps-été 1998.
- Blazer, pull, bustier, doubles jupes.
- Pull, caraco et jupe.




Scénographie. © Gautier Deblonde.

ÉVÈNEMENT : 14 octobre 1997 - Rei Kawakubo crée
les costumes du ballet
Scenario de Merce Cunningham


Scénographie avec les costumes de Rei Kawakubo pour Scenario de Merce Cunningham. © Gautier Deblonde.

Comme des Garçons par Rei Kawakubo, 1997. Huit costumes à protubérances, masculins et féminins.
Maille stretch, rembourrages en duvet.
ÉVÈNEMENT : 14 octobre 1997 - Rei Kawakubo crée les costumes du ballet Scenario de Merce Cunningham

Pionnier de la danse abstraite, le chorégraphe américain Merce Cunningham, intrigué par les silhouettes déformées de sa collection printemps-été 1997, s’adresse à Rei Kawakubo pour réaliser les costumes et les décors de son nouveau ballet.
Fruit de deux visions radicales, Scenario est l’une des associations les plus emblématiques entre la mode et la danse contemporaine, qui inscrit la créatrice japonaise dans dans la lignée des grands artistes ayant collaboré avec Merce Cunningham, parmi lesquels Marcel Duchamp, Robert Rauschenberg ou Andy Warhol… Présenté en octobre à la Brooklyn Academy of Music de New York, le spectacle est programmé en janvier 1998 au Palais Garnier à Paris, avant une tournée mondiale.
 
Texte du panneau didactique.
 
Comme des Garçons, costumes du ballet de Merce Cunnigham, présenté en 1997 à la Brooklyn Academy of Music (et en 1998 à l'Opéra de Paris). © Timothy Greenfield Sanders..


15 octobre 1997 : Jeremy Scott

Jeremy Scott défile à Paris depuis la saison printemps-été 1997.
Fuyant l'aspect trop «marketing» de la mode américaine, il est attiré à la fois par la présence des créateurs belges, japonais et anglais, et par le style français.
Après ses recherches sur le corps entravé et modifié, le créateur fera évoluer son style vers plus de légèreté, tout en conservant un esprit de dérision qui attirera l'attention de la maison Moschino qui le nommera à sa tête en 2013.
 
Texte du panneau didactique.
 
Jeremy Scott. Prêt-à-porter. Printemps-été 1998, collection «Rich White Women».
- Robe tee-shirt.
- Combinaison-pantalon et étole.
- Robe bustier à gants ailés.
© Gautier Deblonde.


Du 13 au 20 octobre 1997 : Josephus Thimister

Aîné de la seconde génération de créateurs belges, Josephus Thimister est nommé en 1991 à la tête du prêt-à-porter de la maison Balenciaga.
Remercié en 1997, le créateur présente dans son appartement une vingtaine de robes noir d'encre, couleur, selon lui, «inépuisable qui est la pulsion de la vie».
En 1998, il présentera son premier défilé haute couture, suivi de plusieurs collections virtuoses et sombres.
Il disparaîtra en 2019.
 
Texte du panneau didactique.
 
Première collection officielle de Josephus Thimister. Prêt-à-porter. Printemps-été 1998. Robe et paire de gants.


18 octobre 1997 : Nicolas Ghesquière

En 1997, la maison Balenciaga cherche un directeur artistique pour succéder à Josephus Thimister. Helmut Lang et Yohji Yamamoto sont approchés, mais le projet de recruter un créateur célèbre est rapidement abandonné.
En reconnaissance de son talent, l'enseigne propose à Ghesquière, alors créateur free-lance pour la marque, une «saison test» de six mois. Couronnée de succès, la collection amorce une carrière de seize ans durant laquelle Nicolas Ghesquière renouvellera l'image de Balenciaga.

 

Madonna découvre le travail de Nicolas Ghesquière alors qu'elle prépare la promotion de son album Ray of Light. Pour le magazine Spin, elle pose dans cette robe que Ghesquière n'avait pas montrée durant son défilé. Madonna la portera à nouveau lors de la soirée des Golden Globes. Ce «nouveau look médiéval et gothique» correspond, selon les mots de la chanteuse, à l'esthétique du clip de son nouveau single Frozen, dans lequel elle apparaît en sorcière drapée de voiles noirs dans le désert.

 
Texte du panneau didactique.
 
Première collection de Balenciaga par Nicolas Ghesquière. Prêt-à-porter. Printemps-été 1998.
- Robe cape sur l'avant et robe.
- Robe courte et paire de sandales à talons Christian Louboutin.
- Robe, création spéciale pour Madonna portée à la soirée des Golden Globes, le 18 janvier 1998.
© Gautier Deblonde.


Helmut Lang

 
Helmut Lang. Coiffe, débardeur double, ceinture, pantalon et paire de chaussons.
 
Helmut Lang, ensemble, prêt-à-porter Printemps-été 1998. Archives Helmut Lang / Mannequin Kirsten Owen. © Dan & Corina Lecca / Courtesy of Helmut Lang-art.


Hussein Chalayan

 
Les défilés londoniens d'Hussein Chalayan prennent la forme de performances artistiques.
Cette collection explore le lien entre croyance, espace, identité et vêtement. Lors du dernier passage, six femmes portent des tchadors noirs de longueurs différentes, couvrant graduellement leur nudité. Si la première est entièrement nue, le visage seulement voilé d'un yashmak traditionnel, la dernière est intégralement  voilée. Le final se compose de mannequins vêtues de tchadors blancs.
Avec le temps, le passage des tchadors noirs fera écho aux questionnements, des sociétés occidentales face à la montée des extrémistes religieux et du terrorisme islamiste.
Le créateur d'origine chypriote abandonnera toutefois ses réflexions sur les religions et l'espace pour se concentrer sur ses recherches conceptuelles incluant la technologie dans ses créations.
Chris Moore. Photographie du final du défilé Hussein Chalayan.
Le choix d'exposer le final du défilé, plutôt que le passage des tchadors noirs, a été réalisé en concertation avec Hussein Chalayan qui, dans le contexte religieux actuel, ne souhaite pas attirer l'attention sur ces créations clivantes.
 
Texte du panneau didactique.